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Femmes

Des quotas de femmes dans les conseils de la Silicon Valley

Les députés californiens ont adopté un projet de loi introduisant des quotas de femmes dans les conseils d'administration des entreprises cotées. Celles-ci auront l'obligation de nommer au moins une administratrice en 2019, et de respecter d'ici à 2021 une proportion de 40% de femmes dans leurs conseils.

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Les conseils d'administrations des grands groupes cotés en France se rajeunissent et accueillent davantage d'étrangers, mais se féminisent encore lentement, selon une étude de L'Hebdo des AG

Féminisation des conseils

(c) Afp

En nommant une première femme, Ann Mather, à son conseil d’administration jusqu’alors 100% masculin, le 23 août dernier, le cofondateur d’Airbnb, Brian Chesky, a devancé l’appel de quelques jours. La Chambre des députés de Californie vient en effet de voter, à 41 voix contre 21, un projet de loi prévoyant d’instaurer des quotas de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées ayant leur siège dans cet Etat. Ce qui concernerait, en particulier, une très grande partie de la Tech américaine, dont San Francisco et la Silicon Valley constituent les principaux viviers.

Déjà approuvé dans son principe par le Sénat de Californie, l’entrée en vigueur de ce texte n’attend plus que le feu vert du gouverneur démocrate Jerry Brown. Mais il n’a pas encore fait connaître ses intentions, et peut donc subir des pressions de lobbys. Or, des institutions patronales telles que la Chambre de Commerce de Californie sont notoirement opposées à ce projet, redoutant qu’il n’entraîne…des pratiques discriminatoires des entreprises envers les hommes.

Si la loi sur les quotas est promulguée, le dispositif prévoit que les entreprises concernées seraient contraintes de nommer au moins une femme administratrice dès l’année 2019, faute de quoi elles s’exposeraient à une amende. Elles devraient ensuite atteindre progressivement, d’ici à 2021, un quota de 40% de femmes, le même que celui qui a été instauré en France par la loi Copé-Zimmermann. 

Inspiré de la France et de la Norvège

Ce projet, qui s’inspire des législations européennes, dont celles de la Norvège et de la France, a été initiée par deux femmes, la sénatrice Toni Atkins, élue de San Diego, et Hannah-Beth Jackson, sénatrice de Santa Barbara.  « Nous sommes fatiguées d’être compréhensives. Nous sommes fatiguées d’être polies », a expliqué cette dernière. « Ce n’est pas seulement une mesure de justice, c’est aussi une évolution positive pour les résultats des entreprises », a-t-elle ajouté.

Les deux élues s’appuient sur un constat : en Californie, 26% des grandes entreprises cotées n’ont aucune femme à leur conseil, et 12% seulement en comptent trois ou plus. Et la disparité est encore plus importante dans les petites sociétés, où les femmes n’occupent que 8,4% des sièges d’administrateurs, tandis que 48% d’entre elles sont dotées de conseils exclusivement masculins.

Le projet que la Californie est en train de mettre en place pourrait-il essaimer dans le reste des Etats-Unis ? D’autres Etats, comme l’Illinois ou la Pennsylvanie en 2017, ont déjà voté des textes engageant les entreprises à ouvrir aux femmes 30% de leurs postes d’administrateurs, mais sans obligation ni sanction. L’exemple californien pourrait les inciter à aller plus loin.

Dans l’immédiat, l’enjeu est considérable pour le secteur de la Tech, notamment pour les entreprises qui travaillent sur l’intelligence artificielle. Elles se voient actuellement reprocher leur faible féminisation à tous les niveaux, augurant d’un « monde nouveau » conçu exclusivement par des hommes, à leur image et en fonction de leurs centres d’intérêt. La féminisation des conseils dans les entreprises de la Silicon Valley, particulièrement visées par le mouvement #MeToo, de même que dans l’industrie du cinéma à Hollywood, pourrait à cet égard déclencher une nouvelle approche du business et de ses méthodes.

Il s’agit aussi, au travers d’une loi qui ne s’appliquera qu’aux sociétés cotées, de sensibiliser tout l’écosystème de la Silicon Valley, afin que les « licornes » qui préparent leur entrée en Bourse intègrent en amont la nécessité d’une plus grande diversité. Selon The Boardlist, un réseau social qui recense des profils de femmes susceptibles d’intégrer des conseils d’administration, 68% de ces licornes qui, comme Airbnb, ont dépassé le milliard de dollars de valorisation, n’ont aucune femme à leur conseil. Et la proportion…ne cesse d’augmenter !

Outre le législateur, des fonds d’investissements comme BlackRock ou State Street Global Advisors commencent à inciter les entreprises à diversifier les recrutements dans leurs conseils. Ils disposent d’un moyen de pression direct, en votant contre les nominations d’administrateurs dans les entreprises qui se refusent à la féminisation. Fondé en 2008 et évalué à 30 milliards de dollars, Airbnb, dont le siège est à San Francisco, est à la fois dans la cible du législateur et dans celle des fonds d’investissement. Ses trois fondateurs l’ont bien compris. Après la nomination d’Ann Mather, ex-directrice financière de Pixar, déjà administratrice d’Alphabet (la maison-mère de Microsoft) et de Netflix, Brian Chesky a laissé entendre qu’une deuxième nomination de femme à son conseil pourrait intervenir d’ici la fin de l’année. Quant à son introduction en Bourse, elle est prévue entre juin 2010 et fin 2020 si tout va bien. Ceci explique donc cela.   

 

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