Depuis le début de l'année 2018, le département de Haute-Loire, en région Auvergne-Rhône-Alpes, a connu une recrudescence d'accidents mortels. Dix-neuf personnes ont perdu la vie sur les premiers mois de l'année, contre dix sur la même période en 2017. Une situation jugée inacceptable par le préfet Yann Rousset, qui veut prendre le taureau par les cornes en augmentant le nombre de radars dans le département.
Le préfet a d'ores et déjà réclamé au ministère de l'Intérieur quatre-vingt radars-tourelle, une demande validée par le conseil départemental. Voilà qui constituerait une augmentation drastique dans le département, qui se contente à l'heure actuelle de vingt cabines. Cela correspondrait donc à une multiplication par cinq du nombre de systèmes de contrôle de la vitesse. Et pas seulement ! En effet, la demande de Yann Rousset porte sur des appareils de dernière génération, capable de mesurer les excès de vitesses sur plusieurs voies, mais également de contrôler les feux rouges, les distances de sécurité, le téléphone au volant ou les dépassements illégaux.
Pour améliorer la sécurité routière ou remplir les caisses de l'Etat ?
Cette annonce suscite de vives réactions de la part des associations d'automobilistes. C'est ainsi que 40 millions d'automobilistes s'est fendu d'un communiqué de presse, estimant que la raison principale de cette augmentation du nombre de radars est avant tout de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'administration. "Les 80 km/h étaient censés 'sauver 350 à 400 vies' ; or, on voit bien avec les chiffres de cet été que le compte n'y est pas. Face à ce fiasco, les autorités sont prêtes à tout pour tirer un bénéfice de la mesure, et celui-ci sera évidemment pour l'État, sous la forme d'espèces sonnantes et trébuchantes."
Daniel Quero, président de l'association, renchérit : "Comment peut-on croire une seule seconde que la multiplication par 5 du nombre de radars - dans cette période d'adaptation des usagers à une nouvelle réglementation, où les appareils flashent encore plus que d'accoutumée - vise bien un but sécuritaire et non pécuniaire ?" Cela pourrait passer en effet pour une aubaine, alors même que selon nos confrères d'Europe 1, la baisse de la limitation de vitesse sur les routes nationales a eu pour conséquence une multiplication par deux du nombre de flash à l'échelle de la France, en juillet. Dans tous les cas, l'attitude du préfet de Haute-Loire semble diamétralement opposé à celle du conseil départemental de la Creuse, qui refuse de retirer les panneaux de limitation à 90 km/h pour protester contre la baisse de limitation de vitesse.
"Si le Préfet souhaitait réellement endiguer l'insécurité routière dans le département, il commencerait par s'attaquer à la dégradation du réseau routier.", renchérit Daniel Quéro. Pas sûr que l'association soit entendue, alors qu'il y a quelques semaines à peine le délégué interministériel à la Sécurité Routière, Emmanuel Barbe, estimait qu'il s'agit là d'un "problème relatif" (lire notre article sur les déclarations d'Emmanuel Barbe sur l'état des routes).