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5 startups qui réinventent l’accès au patrimoine

Ce weekend aura lieu la 35ème édition des Journées du Patrimoine. A cette occasion, découvrez des startups qui promeuvent et facilitent l’accès au patrimoine culturel tout au long de l’année.

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Installée au CENTQUATRE Paris, cette borne Timescope fait voyager dans le temps. (Timescope)

Par Amélie PETITDEMANGE

Publié le 11 sept. 2018 à 13:00Mis à jour le 11 sept. 2018 à 14:11

Ces 15 et 16 septembre, partout en France, vous pourrez pénétrer dans près de 17.000 monuments : Assemblée nationale, siège de l’Unesco, musée du Louvre, mais aussi des châteaux et des hôtels particuliers.

Pour valoriser ce patrimoine culturel et le rendre accessible au plus grand nombre, de plus en plus de startups oeuvrent auprès des acteurs du secteur.  En voici 5 qui ont retenu notre attention. 

Rendr fait voyager les touristes dans le temps en VR

Cette startup créée en 2015 par Laurent Lefebvre et Nicolas Mondange fait “voyager dans le temps” les touristes. Ils ont développé une technologie couplant des algorithmes d’imageries de synthèse, de l’intelligence artificielle et du cloud computing pour reconstituer un lieu ensuite visible à 360° grâce à un casque de réalité virtuelle.

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Au départ la technologie  développée par Rendr était au service des architectes pour les aider à présenter leurs projets à des clients, mais à la faveur d’un hackathon organisé par le Louvre-Lens en 2016, la startup a pivoté. “J’étais personnellement passionné de voyages et de patrimoine, mais ça ne m’était jamais venu à l’idée de travailler dans ce domaine”, raconte Laurent Lefebvre, qui a fait des études en expertise informatique à Epitech Paris. “Lors de ce hackathon, on a imaginé le musée du futur. En 48 heures, nous avons reconstitué la cité de Palmyre, aujourd’hui détruite, en Syrie. Avant je ne voyais pas le patrimoine comme un secteur porteur mais en s’y intéressant nous avons déniché des besoins”.

Partant du constat que 70% des bâtiments classés sont interdits d’accès en France par faute de moyens, parce qu’ils sont utilisés par le privé ou qu’ils ont été détruits, les deux startuppeurs ont mis leur technologie au service du patrimoine culturel. “Nous avons une telle culture, un tel patrimoine et tant de touristes en France, il y a énormément de projets à développer”, affirme Laurent Lefebvre, qui imagine la France en future “Silicon Valley du tourisme”.

Leurs clients sont principalement des collectivités territoriales pour lesquelles les entrepreneurs  réalisent des expériences sur-mesure. Un visiteur de la commune Les Andelys (Eure) pourra ainsi remonter dans le temps et voir la ville aux siècles précédents. Il admirera notamment le Château-Gaillard, la forteresse que Richard Coeur-de-Lion fit construire en 1198 et aujourd’hui en ruines. La startup propose aussi des voyages dans l’avenir, en immergeant par exemple le spectateur dans un projet d’aménagement.

Ce Que Mes Yeux Ont Vu rend l’art accessible à tous

Cette startup accompagnée par l’Incubateur du Patrimoine veut favoriser le lien social grâce à l’art. Elle organise des journées d’actions solidaires pour les salariés d’entreprise et des ateliers culturels pour les bénéficiaires d’associations luttant contre toutes formes d’exclusion et de précarité. Elle a ainsi orchestré la création d’une peinture dans un centre d’hébergement d’urgence par les salariés d’une entreprise d’énergie et des graphistes. Elle a également réalisé un happening autour d’une exposition photographique de la Mairie de Paris.

Ce Que Mes Yeux Ont Vu mène aussi un projet d’ampleur : une “artothèque” en ligne pour rendre l’art accessible à tous, notamment aux personnes malvoyantes. Une dizaine de collaborateurs d’une banque, qui s’est portée volontaire pour mener à bien ce projet, ont décrit des œuvres, dont des tableaux et sculptures de Manet, César et Arman. Accompagnés de comédiens, ils ont enregistré des ”pastilles sonores” ensuite stockées dans cette “artothèque”. Ce projet intitulé “L’oeil est la voix” est accompagné par l’Incubateur du Patrimoine depuis juin 2018.

Timescope vous immerge dans le passé

Cette startup a été fondée en 2015 par Adrien Sadaka, qui a suivi des études de commerce et de conseil, et son meilleur ami Basile Segalen, sorti d’une formation en sciences politiques et histoire. “Nous avons beaucoup voyagé tous les deux. Le déclic a eu lieu à Pompéi (ville antique italienne, NDLR) : le lieu était génial mais il y a avait des gens partout et des travaux, c’était difficile de se projeter dans le passé”, raconte Adrien Sadaka. Ils développent alors une technologie en réalité virtuelle pour plonger les visiteurs dans des lieux historiques. Les bornes Timescope sont équipées de capteurs et d’un casque VR enfilé par l'utilisateur. L’image suit le mouvement de la personne, qui entend également des sons. Les lieux historiques sont reconstitués à l’aide d’archéologues, d’historiens, d’archives et de documents iconographiques.

Timescope définit au cas par cas avec son client, une collectivité ou un acteur privé, le lieu qui sera réalisé ainsi que l’époque. Il est ainsi possible de découvrir l’Hôtel de Ville du Havre comme au 19ème siècle, ou de visiter la Station Spatiale Internationale à la Cité de l’Espace, à Toulouse. Dans le cadre des Journées du Patrimoine, le groupe Kering a fait appel à Timescope pour montrer aux visiteurs l’hôpital Laënnec qui occupait le 40 rue de Sèvres avant que le bâtiment ne soit réhabilité en bureaux pour le groupe de luxe.

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Akken vous embarque pour  des balades sonores artistiques

Alors que vous visitez une ville, des habitants vous racontent des anecdotes et une musique accompagne vos pas, entrecoupée de poèmes et d’œuvres littéraires. Cet environnement sonore provient d’un casque que vous avez sur les oreilles. Entre vos mains, un parapluie connecté crée un cocon autour de vous pour renforcer l’immersion et pour vous géolocaliser. Les sons se déclenchent ainsi suivant les lieux dans lesquels vous déambulez.

Cette innovation, inventée par la startup Akken, créée en 2017, a été baptisée SonoPluie. La startup nantaise crée des balades sonores géolocalisées sur-mesure avec des artistes, des auteurs et des compositeurs sonores. Lion-sur-Mer et Hermanville-sur-Mer proposent ainsi une balade sonore en bord de mer depuis juin dernier. En juillet, Akken a aussi créé une balade historique dans le cœur du bourg de Cauterets dans les Hautes-Pyrénées.

Iconem numérise les sites patrimoniaux à préserver à tout prix

Iconem veut contribuer à la conservation du patrimoine en numérisant les lieux menacés par le pillage, l’urbanisation, les conflits armés ou le changement climatique. La startup associe la capacité de scan à grande échelle des drones et le photoréalisme de la 3D pour faire des doubles numériques des sites les plus précieux. Elle a notamment réalisé des modèles 3D de la ville d’Alep, site classé patrimoine mondial de l’UNESCO et ravagé par la guerre en Syrie, et d’Angkor, ville cambodgienne aux nombreux temples et sculptures.

Iconem a été fondée en 2013 par le jeune architecte Yves Ubelmann et le pilote d'avion et d'hélicoptère Philippe Barthélémy. Leur premier projet a été de reconstituer en imagerie 3D le site archéologique de Mes Aynak, en Afghanistan. Ce gigantesque chantier de fouilles était pratiquement inaccessible du fait de son altitude : entre 2.380 et 2.500 mètres. Yves Ubelmann veut désormais se lancer dans la constitution d'une plate-forme mondiale des sites archéologiques, avec images et écrits des chercheurs. 

La startup collabore avec des organisations internationales, des gouvernements, des collectivités et des musées, comme l’UNESCO, l’Aga Khan Trust for Culture, le Sultanat d’Oman, la Mairie de Paris ou le Musée du Louvre.

Amélie Petitdemange

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