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Découvertes

Malte est le premier pays européen à interdire les "thérapies de réorientation sexuelle"

Le parlement maltais a voté lundi à l’unanimité l'interdiction des thérapies de conversion supposées "guérir" les homosexuels. L'île méditerranéenne est le premier pays européen à rendre illégale ces pratiques, graves menaces au bien-être psychique.

Détail d'une affiche datant de 1998, distribuée dans le Colorado, présentant John et Anne Paulk, tous les deux "anciens gays" reconvertis à l'hétérosexualité.
Détail d'une affiche datant de 1998, distribuée dans le Colorado, présentant John et Anne Paulk, tous les deux "anciens gays" reconvertis à l'hétérosexualité. Kevin Moloney / Getty images
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Elles sont appelées "thérapie de conversion" ou encore "thérapie de réorientation sexuelle". Leur objectif : changer l'orientation sexuelle de jeunes gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels pour les faire "devenir hétérosexuel·e·s"

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Niant profondément le droit de chacun à vivre son orientation sexuelle, ces thérapies sont encore tolérées dans de nombreux pays européens, dont la France. Ce ne sera plus le cas à Malte, où le parlement a voté à l'unanimité lundi 5 décembre une loi pour les interdire.

Jusqu'à 10 000 euros d’amende et un an de prison

Le projet de loi adopté lundi stipule que tout professionnel de la santé tentant de prescrire ces "thérapies" pourra se voir condamné à une amende ou à une peine de prison. Par ailleurs, essayer de changer, réprimer ou supprimer "l'orientation sexuelle", "l'identité de genre" ou "l'expression sexuelle" d'une personne sera désormais une infraction pénale à Malte.

Être forcé à avoir du désir érotique pour le sexe opposé

Promouvoir des thérapies anti-homosexualité à Malte, ce sera s'exposer à une amende de 5 000 dollars et à une peine d’emprisonnement. Pour les médecins, l'amende pourra même aller jusqu'à 10 000 euros et un an de prison. Pour Malte qui était déjà considéré comme un des pays les plus avancés sur les questions LGBT (mais qui, en revanche, continue à interdire l'avortement), c'est un signal fort. 

Une telle loi est aussi l'occasion de revenir sur les méfaits de ces cures.

Un danger pour la santé mentale

Les témoignages de personnes passées par ces thérapies ne manquent pas. Nombreux sont ceux qui pointent du doigt les conséquences désastreuses qu'implique l'obligation de suivre une norme hétérosexuelle.

Perte de désir sexuel, anxiété, mais aussi dépression voire suicide : en plus d'être très nocives pour la santé mentale des gens forcés à les suivre, ces thérapies n'ont jamais réellement prouvé leur efficacité, contrairement à ce que veulent faire croire certaines organisations religieuses.

Recevoir des décharges électriques

Dans un article publié dans la revue Têtu, on apprend par exemple qu'un jeune Helvète avait été envoyé en thérapie dès l'âge de 15 ans "pour apprendre à ne plus aimer les hommes". En vain. Celui-ci raconte son lavage de cerveau, qui pouvait notamment passer des raisonnements de type "Vous n’aimez pas le foot ? Alors vous intégrerez une équipe afin de fréquenter des hommes dans une situation non-sexuelle", comme il le raconte au journal suisse Schweiz am Sonntag.

Un effet boule de neige ?

Pour "soigner l'homosexualité" – qui, pour rappel, a été considérée en France comme une "pathologie psychiatrique" jusqu'en 1992, au même titre que la schizophrénie et la dépression –, d'autres méthodes sont également utilisées. Comme par exemple la déconstruction de la vision des personnes dont les jeunes peuvent être tombé·e·s amoureu·x·ses ou encore les exercices pour susciter le désir érotique pour le sexe opposé. On s'en doute : "Ça ne marche pas comme ça", dénonce le jeune Suisse, qui a souffert de dépression après la cure.

Ailleurs dans le monde, la thérapie peut même être "physique" : en Chine par exemple, des décharges électriques sont appliquées aux parties génitales des "patients" ; en Égypte, ce sont des examens anaux qui sont imposés. "Non seulement elles rejettent un groupe d'individus sur la base de préjugés sans fondement, mais en plus, elles sont un manque de tolérance à la diversité. Ces thérapies portent atteinte aux droits LGTB", a fait valoir un représentant de la Chambre des psychologues de Malte, dans les colonnes du journal Malta Today.

Espérons maintenant que l'exemple maltais fasse boule de neige. 

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