Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Sur Internet, Bruxelles exige la suppression des contenus terroristes dans l’heure

Les entreprises qui dépasseraient systématiquement ce délai s’exposeraient à une très forte amende. Une pierre de plus dans le jardin des géants du Net.

Par 

Publié le 13 septembre 2018 à 06h27, modifié le 13 septembre 2018 à 09h24

Temps de Lecture 2 min.

L’initiative a fait moins de bruit que l’adoption, le même jour, du projet de directive sur le droit d’auteur. Pourtant, c’est aussi une pierre lancée par l’Europe dans le jardin des géants du Net. La Commission européenne a présenté, mercredi 12 septembre, un projet de règlement obligeant les hébergeurs de contenus en ligne à supprimer dans l’heure tout contenu terroriste qui leur serait signalé par un Etat membre. En cas de non-respect répété de cette règle, les contrevenants s’exposent à une amende gigantesque de 4 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial.

Cette sanction, qui se veut dissuasive, constitue le dernier étage d’un dispositif élaboré par la Commission pour réduire encore un peu plus l’emprise numérique de la propagande terroriste.

En premier lieu, le texte crée une procédure formelle pour que les Etats signalent aux hébergeurs la présence d’un contenu terroriste. Une fois ce signalement motivé effectué, l’hébergeur ne disposera que d’une heure pour le supprimer. A la suite de ce premier signalement, il devra prouver dans les trois mois à l’Etat à l’origine de la procédure sa bonne volonté pour empêcher la réapparition du contenu supprimé et pour lutter contre des messages similaires. Au terme de cet échange, si l’Etat membre n’est pas convaincu par les garanties apportées par l’hébergeur, il pourra l’obliger à mettre en place certaines mesures techniques, de filtrage automatisé notamment. Enfin, si ce processus n’aboutit pas, l’Etat membre pourra prononcer des sanctions adaptées à la taille de l’entreprise.

Un texte qui vise large

Plus globalement, la proposition de la Commission entérine un devoir de vigilance des plates-formes vis-à-vis du contenu terroriste. Une notion déjà présente dans le droit européen, mais que Bruxelles veut plus opérationnelle.

Son texte vise large : tous les services Internet permettant la publication de texte, de son ou de vidéo sont concernés. Ce spectre englobe donc les grands réseaux sociaux (où la propagande terroriste recule), mais surtout des sites de stockage d’images ou de textes plus confidentiels, un objectif majeur pour la Commission. Et peu importe s’ils n’ont pas de siège dans l’Union européenne : il suffira que le service soit conçu pour les utilisateurs européens ou utilisé par un grand nombre d’entre eux pour tomber dans l’escarcelle du dispositif. Les hébergeurs installés hors d’Europe devront désigner un représentant capable de répondre à toute heure aux sollicitations des Etats.

« Censure privée »

Les critiques fusent déjà. Pour l’ONG de défense des libertés numériques La Quadrature du Net, la proposition de règlement « banalise la censure policière et privée ainsi que le contournement de la justice ». Le commissaire européen à la sécurité, Julian King, rejette cette notion : « Ce n’est pas de la censure. Il ne s’agit pas de prendre des décisions subjectives. Nous ne parlons pas d’une zone grise. Le contenu terroriste […] est illégal en ligne, tout comme il l’est hors ligne, et doit être retiré. »

La Commission européenne met sous pression depuis plusieurs mois les plates-formes numériques pour qu’elles suppriment plus rapidement les contenus terroristes. Bruxelles avait prévenu : faute de résultats, il faudrait passer par la case législative. Les géants de la Silicon Valley ont longtemps espéré échapper à ce couperet. Pour tenter de convaincre l’exécutif européen, ils ont multiplié ces derniers mois les preuves de leurs efforts, trompetant, par exemple, les progrès de leur intelligence artificielle. Cela n’a pas suffi : la Commission estime avoir envoyé un message clair, qui n’a pas été suffisamment entendu.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.