Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Washington « certifie » que Riyad tente d’épargner les civils au Yémen

La décision américaine, dénoncée par des organisations humanitaires et des élus, survient un mois après un raid de la coalition qui a coûté la vie à 40 enfants.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 septembre 2018 à 00h16, modifié le 13 septembre 2018 à 09h28

Temps de Lecture 3 min.

Une petite fille devant la grille d’une école où elle s’est réfugiée avec sa famille après avoir été évacuée d’un village voisin, près de Hodeïda, au Yémen, en juin.

Les Etats-Unis ont « certifié » que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis prenaient des « mesures manifestes » pour tenter d’épargner les civils au Yémen, une condition indispensable pour continuer à soutenir ces alliés-clés de Washington dans leur intervention controversée.

Mais dans son rapport rendu au Congrès pour étayer cette décision, dont l’Agence France-Presse s’est procuré une copie mercredi 12 septembre, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, « reconnaît » un nombre « bien trop élevé de victimes civiles » causées par la coalition militaire sous commandement saoudien, et assure « faire pression au plus haut niveau » sur ces deux pays pour qu’ils « renforcent » leurs précautions.

La décision états-unienne, dénoncée par des organisations humanitaires et des élus, survient en effet un mois seulement après un raid de la coalition qui a coûté la vie à 40 enfants et suscité un tollé international. Et quelques jours seulement après l’échec de pourparlers de paix à Genève.

Soutien logistique maintenu

Une loi américaine imposait à l’administration de Donald Trump une telle certification au Congrès pour maintenir inchangé son soutien logistique à ces deux pays arabes dans leur combat contre les rebelles houthistes alliés de l’Iran, bête noire des Etats-Uniens.

En cas de non-certification, les Etats-Unis auraient dû cesser de ravitailler les avions saoudiens ou émiratis, qui interviennent depuis mars 2015 dans le conflit régional qui a fait 10 000 morts en trois ans.

Conformément à cette loi, « j’ai certifié hier au Congrès que les gouvernements d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis prennent des mesures manifestes pour réduire le risque contre les civils et les infrastructures civiles dans le cadre de leurs opérations militaires », a annoncé mercredi M. Pompeo.

Selon son rapport non classifié, leur coalition a notamment « modifié ses règles d’engagement pour prendre en compte des recommandations américaines » et le gouvernement saoudien s’est engagé à financer des formations américaines pour que ses pilotes « minimisent les victimes civiles ».

Le chef de la diplomatie américaine a aussi assuré que Riyad et Abou Dhabi engageaient « des efforts diplomatiques urgents et de bonne foi pour mettre fin à la guerre civile au Yémen ». Il a enfin promis de « continuer à travailler étroitement avec la coalition menée par les Saoudiens » pour qu’elle « permette un accès sans entraves » à l’aide humanitaire.

« Mascarade »

Depuis 2015, le Pentagone fournit un « soutien non combattant » à la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen, sous la forme d’armes, de renseignement et de ravitaillement aérien. Ce soutien « promeut les priorités de la sécurité nationale américaine », notamment s’agissant des efforts pour « contrecarrer le comportement déstabilisateur de l’Iran », justifie une fois de plus le département d’Etat dans son rapport.

Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application

Mais cette aide fait grincer des dents de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme ainsi que des élus américains des deux bords, qui ont imposé au gouvernement cette demande de « certification ». Or à la fin d’août, une mission d’experts des Nations unies a conclu que tous les acteurs du conflit au Yémen avaient commis de possibles « crimes de guerre ». Leur rapport souligne aussi que les frappes de la coalition sous commandement saoudien « ont causé le plus de victimes civiles directes ».

Le département d’Etat avait assuré à la fin d’août prendre « au sérieux » le rapport de l’Organisation des Nations unies. « Rien ne peut justifier de tels crimes, s’ils ont effectivement eu lieu », avait-il dit.

Des « erreurs »

Les forces menées par Riyad ont dû reconnaître des « erreurs » après le raid contre un bus et promis des sanctions contre les responsables. « L’administration Trump place ses alliés du Golfe avant les familles yéménites qui luttent pour leur survie », a déploré l’organisation humanitaire Oxfam après la décision américaine, dénonçant un soutien qui « ne fait qu’attiser la plus grave crise humanitaire au monde ».

Une sénatrice à l’origine de la demande de certification, la démocrate Jeanne Shaheen, a, elle, accusé l’administration Trump d’« éluder délibérément le contrôle du Congrès », estimant que les « bombardements aveugles de la coalition sous commandement saoudien » ne respectaient en rien les exigences américaines visant à minimiser les victimes civiles.

« La certification de Pompeo est une mascarade », a aussi protesté sur Twitter l’élu démocrate Ro Khanna. « Les Saoudiens ont délibérément bombardé un bus rempli d’enfants. Il n’y a qu’une réponse morale à cela, et c’est de cesser notre soutien à leur intervention au Yémen. »

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.