REUTERS/Hani Amara | Un canot pneumatique chargé de migrants secourus par des gardes-côtes libyens en Méditerranée, le 15 janvier 2018.
REUTERS/Hani Amara | Un canot pneumatique chargé de migrants secourus par des gardes-côtes libyens en Méditerranée, le 15 janvier 2018.

Le 1er septembre, plus d’une centaine de migrants se sont noyés au large des côtes libyennes après le naufrage de leurs canots. Certains rescapés présentaient de graves brûlures chimiques causés par le carburant et l'eau de mer.

Plus de cent personnes, dont au moins une vingtaine d’enfants, ont péri dans le naufrage de deux bateaux au large des côtes libyennes le 1er septembre, a annoncé Médecins Sans Frontières (MSF) lundi, dans un communiqué. Les survivants - parmi lesquels figurent des femmes enceintes, des enfants, et même des bébés - ont été récupérés par les garde-côtes libyens. Certains souffrent de graves blessures, notamment de brûlures chimiques.

"On a pu s’occuper de 18 urgences médicales, dont 9 personnes avec de graves brûlures chimiques - jusqu’à 75% du corps. On a organisé le transfert vers l’hôpital d’une personne dans un état particulièrement critique : sans un accès rapide à des soins intensifs en milieu hospitalier, cette personne serait probablement morte", explique Jai Defranciscis, infirmière MSF basée à Misrata, au nord-ouest de la Libye.

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À bord des canots de fortune, souvent chahutés par la houle et le vent, l’essence s’échappe des jerricanes posés au milieu des migrants. Au contact de l’eau de mer, elle devient encore plus nocive et brûle gravement la peau. Selon une sage-femme montée à bord d'un navire humanitaire et interrogée par InfoMigrants, "les femmes sont généralement les premières victimes du fuel puisqu’elles sont assises au centre des canots, tandis que les hommes, eux, restent sur les côtés. Elles se retrouvent gravement brûlées au niveau des fesses, des cuisses et des parties génitales".

"Lorsque le bateau a commencé à couler, alors que peu de passagers étaient équipés de gilets de sauvetage ou savaient nager, seuls ceux qui se sont accrochés à la coque du bateau sont parvenus à s’en sortir", explique un témoin du drame. "Tous les bébés sont morts. Comment est-ce possible de rester autant de temps dans l’eau sans personne pour venir nous secourir ? Les gens avaient commencé à boire de l’eau de mer", raconte un autre.

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Une fois à terre, les rescapés ont été transférés dans un centre de détention géré par les autorités libyennes. Là encore, les équipes de MSF sont inquiètes. "Comment peuvent-ils guérir en étant enfermés dans des cellules ? [...] Dormir [sans lit, sans matelas] cause une douleur inimaginable pour les grands brûlés. Certains ne peuvent ni s’asseoir ni marcher", poursuit Jay Defranciscis. "Nos équipes commencent à voir des patients développer de graves infections respiratoires, des pneumonies par exemple, provoquées par les heures passées à se débattre dans l’eau".

Des inquiétudes que confirment les témoignages des migrants eux-mêmes. L'un d'eux, rescapé et placé en centre de détention, s'est confié à MSF : "Je n’ai pas pu dormir depuis que je suis arrivé ici. Mon corps me fait beaucoup trop mal. Je ne peux pas marcher, pour aller aux toilettes par exemple. Je me sens très fatigué en ce moment".

Selon l’UNHCR, près de 12 000 personnes ont été ramenées en Libye alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée depuis le début de l’année.

 

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