[Exclusif] Jugées dangereuses, 50% des machines pour le don de plasma ont été retirées en France
Depuis plusieurs mois, des soupçons pesaient sur la sécurité de certaines machines à plasma de la marque Haemonetics. Après de nouveaux incidents, l’Etablissement français du sang a ordonné le retrait de toutes les machines concernées, soit 50 % du parc français.
Donner son plasma pourrait être dangereux, du moins avec les machines Haemonetics. Voilà pourquoi l’Etablissement français du sang (EFS), qui a pourtant besoin de dons toute l’année, a décidé de retirer immédiatement toutes les machines à plasma de cette marque en France.
"Plusieurs incidents ont eu lieu ces tous derniers jours. A Tarbes d'abord, où des particules noires anormales ont été retrouvées dans la poche de recueil de plasma, puis en Auvergne, où ces même particules ont été retrouvées au démontage de la machine, explique Sylvie Gross, directrice médicale à l'Etablissement français du sang (EFS). Ces deux événements rapprochés nous ont poussé à retirer toutes les machines Haemonetics, même s'il n'existe aucun risque avéré pour les donneurs."
VOS INDICES
source157 =
Décembre 2023
PVC (indice)
Base 100 en décembre 2014
137.2 =
Décembre 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
95.6 =
Décembre 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a, elle, suspendu l’utilisation des dispositifs médicaux de prélèvements sanguins Haemonetics. Elle avait diligenté une enquête à l'EFS après les deux signalements reçus.
Des composants cancérogènes
En cause, des composants cancérogènes qui pourraient être injectés dans le sang des donneurs. "Quand on donne son plasma et ses plaquettes, le sang est prélevé chez le donneur, une machine récupère une partie du plasma et des plaquettes, puis le sang est réinjecté au donneur", explique Guylain Cabantous, le délégué syndical central CGT de l’EFS.
Sauf que la société aurait fait passer pour neuves des pièces détachées déjà usagées. "Un système de joints permet l’étanchéité du récipient. Mais ce joint s’effrite de 2 milligrammes par opération." L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), a indiqué dans un rapport datant du 16 févier 2018, que ce joint comprend du Plenco 05351, une résine constituée de matière cancérogène, mutagène et reprotoxique ainsi que de l’Hilox 882, une céramique composée d’aluminium et d’oxyde de chrome. En juin dernier, la marque Haemonetics avait confrmé à l'Usine Nouvelle que ces matériaux entraient bien dans la composition de leurs machines.
Un plan pour éviter une pénurie de plasma
En France, environ 50% des points de collecte de plasma sont équipés des machines d’Haemonetics. "Certaines régions, comme l’Alsace, utilisent exclusivement les marques de cette compagnie", explique Guylain Cabantous. L'EFS a déployé un plan pour éviter une pénurie de plasma, qui est surtout utilisé pour fabriquer des médicaments. "Comme les machines ne sont pas réparties de façon homogène sur le territoire, nous allons répartir les machines restantes sur les sites qui en ont le plus besoin et réorganiser le planning de don", explique Sylvie Gross.
Il y a quelques mois, trois lanceurs d’alerte ont porté plainte contre l’EFS et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour "mise en danger de la vie d’autrui" dans le cas de don de plasma et de plaquettes. "Nous nous tenons à disposition et fournirons toutes les pièces demandées à la justice", assure Sylvie Gross. De son côté, l'ANSM mène une enquête avec des laboratoires indépendants pour évaluer la dangerosité de ces machines.