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Emmanuel Macron serait-il devenu plus gaulliste que le général de Gaulle ? Voici quelque temps que la fameuse croix de Lorraine fait une apparition discrète sur les armoiries républicaines, dans les goodies diffusés par l'Élysée, jusque dans la forme subliminale de ses pupitres. Or, après la guerre, lorsque la croix avait été adoublée comme le symbole de la France libre et par déplacement, de la Résistance, même le général de Gaulle s'était toujours refusé à l'insérer dans la panoplie de la République française et il en fut de même en 1958 après son retour au pouvoir.
Que l'on sache, le président n'a pas de racine lorraine prégnante, à la différence de l'auteur de cet article. Alors, hommage à l'esprit de résistance ou à la quintessence gaullienne de la Ve République ? Ou pire nostalgie pour une croix à l'origine religieuse, ce qui marquerait le retour par la bande de la religion au sein de la République laïque.
Dis donc @elysee c'est quoi cette apparition d'une croix de Lorraine au milieu du faisceau de licteur ? C'est quoi cette affaire ? Vous modifiez les symboles de la République dans des appels d'offres pour des goodies ? https://t.co/UgYIRgSvww pic.twitter.com/VrSNiP6tlU
— Valerio Motta (@valeriomotta) 7 juin 2018
Par ailleurs la Croix de Lorraine apparait aussi sur le nouveau logo de la Présidence de la République pour les #JEP2018 pic.twitter.com/TfSXr4MTEm
— Arnaud Tousch (@nanotousch) 13 septembre 2018
On s'interroge toutefois. En effet, s'il n'y avait eu la Seconde Guerre mondiale, sans doute cette croix lorraine aurait-elle fini sa vie dans le bazar des vieilleries et curiosités régionales. Tel Ulysse, elle avait déjà fait un long voyage depuis Jérusalem où au IVe siècle, l'impératrice byzantine Hélène fit effectuer des fouilles qui mirent au jour ce qu'on appela la Vraie Croix. Une croix à double traverse, la seconde barre horizontale étant censée avoir soutenu le panneau Inri (Jésus le Nazaréen roi des Juifs), au-dessus de la première traverse, plus longue, où les bras du Christ avaient été cloués. Des reliquaires furent fondus sur le modèle de cette croix adoptée par les patriarches byzantins, de là son premier nom de croix patriarcale, patriarcale qui fut popularisée à l'Occident après le retour des croisés.
Comme les reliques, les croix firent l'objet de circulations et de trafics : voilà la Vraie Croix qui arrive à l'abbaye de la Boissière en Anjou au milieu du XIIIe siècle. Elle se trouve encore dans cette région, puisque sauvée à la Révolution, on peut demander à la voir dans la chapelle de l'hospice de Beaugé.
Emblème
Mais pour sortir de l'anonymat religieux, il a fallu quelques figures politiques. Louis Ier d'Anjou d'abord, qui la fit broder sur ses bannières à la fin du XIVe siècle. Elle devient ainsi la croix d'Anjou. La famille d'Anjou régnant aussi en Hongrie, on la retrouve encore sur les armes de ce pays ainsi que de la Slovaquie. Mais les Anjou possédant des terres également en Lorraine et en Provence, la croix va traverser tout le pays d'ouest en est. À cette époque, les croix prenaient le pas sur les drapeaux qui sont une invention bien plus moderne. Pour contrer la croix de Saint-André, emblème du puissant duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, René II d'Anjou, duc de Lorraine, choisit d'aller au combat revêtu de cette croix de Lorraine. Bien lui en prend. Après la défaite et la mort de Charles le Téméraire, la croix de la victoire, anciennement croix d'Anjou, est rebaptisée croix de Lorraine.
Symbole pendant plus de quatre siècles de cette région qui le conserve y compris après l'annexion allemande, la croix va connaître soudain un destin national lors d'une nouvelle croisade, dirigée cette fois contre l'ennemi nazi. Face à la croix gammée, les premiers Français libres ont besoin de se rassembler autour d'un symbole. La proposition émane d'un officier de marine, Thierry d'Argenlieu et du vice-amiral Muselier, qui en font la suggestion au général de Gaulle dès le 1er juillet 1940. D'Argenlieu est également prêtre carme et supérieur provincial de Paris, il est donc sensible à la dimension spirituelle d'une telle croix, tandis que Muselier, d'origine lorraine, n'a pas oublié qu'elle fut utilisée après 1870 face à l'Allemagne pour réaffirmer l'identité régionale. De Gaulle, qui est catholique et qui a stationné en Lorraine comme soldat, accepte la proposition. Voici la croix ex-byzantine, ex-angevine, promise à un beau destin sous sa dernière appellation.
Le symbole de la France libre et de la lutte contre l'Allemagne nazie revient sur les armoiries républicaines. Venant d'un Européen aussi convaincu et inspiré qu'Emmanuel Macron, qu'est-ce que cela signifie ? Selon l'Élysée, « il s'agit de continuer à assumer le lien avec le général de Gaulle, alors que 2018 marque les 60 ans de la Ve République et que le quinquennat célébrera le cinquantenaire de la mort de son premier président ». Après les Mémoires de guerre présents sur la photo officielle, voici donc un emblème gaullien de plus.
C'est très drôle de voir une politique de gauche quand d'autres ne ressentent que l'aspect libéral et droitier de la politique de Macron. Ca fait penser, dans une moindre mesure à ce que disait De Gaulle : "Le fait que les partisans de droite et les partisans de gauche déclarent que j’appartiens à l’autre côté prouve […] que je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre... ".
D'où finalement, la croix de Lorraine. Même si je pense qu'elle a été choisie pour honorer la Constitution de 58 qui va souffler ses 60 bougies.
Il a oublié une petite faucille et un petit marteau, une rose et un étendard aussi pour couvrir tout le spectre des opinions ?
Les feuilles de chêne et d’olivier choisies par Mitterand sont ce que l’on voit au premier plan. Cela est bien à l’image de Macron qui veut être bien avec tout le monde et qui finalement ne satisfait personne