C’est un couple qui semble sans histoire. Parents d’une petite fille, le quotidien de Manon et d'Arnaud ressemble à celui de milliers de Français. Dans « Consent », le dernier court-métrage du réalisateur Florent Sabatier, on découvre comment une histoire d’amour peut virer au cauchemar. Manon et Arnaud rentrent de week-end, lui souhaite avoir un rapport sexuel. Elle, non. Elle lui dit, d’ailleurs. Clairement. « T’as plus envie de moi ? », lance-t-il. Il n’écoutera même pas la réponse, obnubilé par son propre désir. « Allez, il n’y en a que pour dix minutes », insiste-t-il. Pression, insistance, culpabilisation de sa partenaire : des situations que de nombreuses femmes ont malheureusement déjà vécues. Pourtant, il faut le rappeler, si vous êtes en couple et qu’on vous force à une relation sexuelle, cela porte un nom : le viol conjugal. Et c’est puni par la loi.

« Qu’est-ce que la violence au sein d’un couple ? »

Le réalisateur - avec lequel nous avons eu le plaisir de collaborer - a écrit ce film car il voulait se pencher sur cette fameuse « zone grise », comprenez ce moment où une femme peut céder à un rapport sexuel sans y consentir. « Ce film porte surtout sur le silence qui entoure ce sujet. C’est pour ça notamment que je n’ai pas voulu montrer "l’acte" en lui-même, parce que je trouve que généralement ces images choquent plus qu’elles ne font passer un message. Or, selon moi, il est important de parler de ce qui précède et suit le passage à l’acte. Les vraies questions du film sont : « Qu’est-ce que la violence au sein d’un couple ?", "où commence la violence conjugale ?" et "pourquoi est-ce si dur d’en parler ? " », nous a expliqué Florent Sabatier. Les dialogues du court-métrage sont d’ailleurs directement inspirés de témoignages de femmes ayant raconté leur histoire sur le Web. Les acteurs Marie Coustaury et Grégory Guillotin incarnent à l’écran « un couple "citadin" et jeune afin de montrer que ce genre de choses touche tout le monde. J’ai d’ailleurs eu des retours assez étonnants d’amis garçons qui me disaient qu’ils ne trouvaient pas le comportement de Greg déplacé. » Et c’est bien là-dessus qu’il faut insister : certain(e)s pensent encore qu’il est « normal » pour une femme de coucher avec son mari/compagnon même si elle n’en a pas envie. Le fameux « devoir conjugal »… il faut pourtant insister sur le fait que quand c’est non, c’est non. Pour celles qui ont vécu cette situation, c’est extrêmement dur de dénoncer les choses, de raconter que leur compagnon les a forcées à avoir un rapport sexuel. Et quand elles décident de porter plainte, certaines s’entendent dire au commissariat « mais c’est votre mari, madame... », note Florent Sabatier. Impensable et pourtant…

Le numéro à retenir : Viols femmes informations, au 0 800 05 95 95.