Il grille le feu pour laisser passer la police: 166 euros d'amende et 4 points retirés

En plus d’un retrait de quatre points sur son permis de conduire, un Laurentin a dû s’acquitter de 166 euros d’amende. Motif: il a grillé un feu pour faire place à un véhicule prioritaire.

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Benoit Guglielmi (bguglielmi@nicematin.fr) Publié le 14/09/2018 à 20:04, mis à jour le 14/09/2018 à 20:11
Le cliché pris par le radar est de mauvaise qualité, mais il confirme le scénario dessiné par l'automobiliste laurentin. Photo DR

Étonnante mésaventure que celle survenue à un automobiliste laurentin. Elle date de l’année dernière, mais son dénouement est intervenu il y a quelques jours à peine: à l'amende (majorée) d’un total de 166 euros s'ajoute la confirmation du retrait de 4 points sur son permis de conduire.

Le tout, pour une infraction qu’il était obligé de commettre sous peine… d’en commettre une autre. Plus grave encore.

Surprenant? On vous explique tout en quatre questions.

Que s’est-il passé?

Le 25 janvier 2017, en fin d’après-midi, Alain, un entrepreneur de 57 ans doit se rendre de Saint-Laurent-du-Var à Cagnes-sur-Mer. Au volant du pick-up de sa société, il emprunte la route du bord de mer et circule sur la voie de gauche. Très naturellement, lorsque le feu s’orange, il décélère.

La suite, c’est lui qui la raconte: "Je n’étais pas encore à l’arrêt complet quand j’ai perçu un véhicule de police, gyrophare allumé et sirène hurlante, foncer derrière moi. Une voiture arrivant sur la voie de droite, il était trop tard pour me rabattre. Mais comme le feu venait de passer au rouge, le carrefour était encore libre. J’ai alors accéléré pour libérer le passage. D’ailleurs, si je m’étais arrêté au feu, je pense que la voiture de police terminait sa course dans mon pare-chocs…"

L’équipage passe sans heurt mais le radar feu rouge a tout vu, s’est automatiquement déclenché.

Quelques jours plus tard, Alain reçoit la contravention. Il n’est pas surpris: "L’automobiliste qui circulait sur la voie de droite m’a rattrapé au feu suivant pour m’avertir que j’avais été flashé. Je m’en doutais, mais comment pouvais-je faire autrement?"

Les propos d’Alain sont-ils vérifiables?

Oui. Sur Facebook, Alain a posté les deux clichés captés par le radar, qu’il a demandés et obtenus au moment de contester sa contravention.

Sur le premier, on voit nettement l’autre voiture arrivant au feu sur la file de droite, tandis que le pick-up d’Alain franchit le feu à gauche. Au passage, l’image confirme que le carrefour était dégagé.

Sur le second cliché, pris une seconde plus tard, Alain a franchi le carrefour, s’est rabattu à droite et s’arrête au feu suivant. Le véhicule de police - dont le gyrophare est bien allumé - s’apprête, lui, à franchir à son tour le feu, tandis que la voiture de la file de droite s’y stoppe.

Pouvait-il effectuer une autre manœuvre?

Interrogés, images à l’appui, deux moniteurs de l’auto-école Permis Center, dans le centre de Nice, sont formels: "Cet automobiliste n’a absolument pas la place de s’insérer entre le feu tricolore et le véhicule qui, sur la file de droite, s’y stoppe. Surtout s’il a une grande voiture (Alain estime à 5 mètres la longueur de son pick-up, N.D.L.R.). S’il veut laisser passer la voiture de police, il n’a pas d’autre choix que de franchir le feu au rouge."

Un confrère niçois est plus dubitatif: "Dans son cas, mieux vaut ne pas bouger. En tout cas, moi, je ne franchis jamais un feu rouge, même dans ce cas."

Était-il obligé de laisser passer les secours?

Le site web institutionnel Sécurité-routiere.gouv.fr donne une réponse très claire: "Tous les clichés pris par les radars automatiques (feux rouges, vitesse) sont vérifiés par un officier de police judiciaire. Si l’usager franchit le feu rouge pour laisser passer un véhicule d’urgence, les clichés pris par le radar le montreront, et aucune amende ne sera envoyée."

Ce que Me Olivier Grébille-Romand, avocat niçois spécialisé dans les délits routiers, confirme: "L’article R415-12 du Code de la route est très clair: "En toutes circonstances, tout conducteur est tenu de céder le passage aux véhicules d’intérêt général prioritaires annonçant leur approche". Il est donc obligatoire de céder le passage aux véhicules prioritaires (police, gendarmerie, pompiers et Samu). »

Si Alain ne laisse pas passer la police, précise Me Grébille-Romand, "il risque d’être poursuivi et encourt la même sanction (135 euros d’amende et un retrait de quatre points) assortie d’une suspension de permis qui peut aller jusqu’à trois ans."

Sans compter le retard pris par le véhicule de secours, qui peut avoir des conséquences dramatiques.

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Var-Matin

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