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Plan pauvreté: le message à Macron de Lyes, ancien enfant des foyers

Ancien enfant des foyers, Lyes Louffok siège aujourd'hui au Conseil national de la protection de l'enfance. Il regrette, après l'annonce du Plan pauvreté jeudi par Emmanuel Macron, que l'État ne s'engage pas plus dans le dispositif qu'il défend.

"En France, une personne SDF sur quatre aujourd'hui a eu un parcours à l'aide sociale à l'enfance". Le constat fait par Lyes Louffok est alarmant. Membre du Conseil national de la protection à l'enfance (CNPE), il connaît parfaitement ce système pour y avoir grandi, baladé entre foyers et familles d'accueil.

"Dans le parcours d'un enfant placé, il y a énormément de ruptures et d'intervenants. Ce manque de stabilité se répercute à la transition, dans la façon de devenir adulte", explique-t-il, pointant la disparition subite d'un encadrement dès l'âge de 18 ans atteint par un jeune ayant grandi en foyer. En France, le nombre de jeunes de 18 à 25 ans se retrouvant à la rue en sortant directement de l'aide sociale à l'enfance est estimé à 40%.

"L'État doit se réengager"

Pour endiguer cette situation, Lyes Louffok préconise "un retour de l'État dans la protection de l'enfance", gérée jusqu'à présent par les départements, qui affirment cependant être à bout de souffle financièrement. "L'État doit se réengager et réaffirmer le principe de solidarité nationale", considère-t-il.

Le 13 juin dernier, la députée LaRem Brigitte Bourguignon déposait une proposition de loi visant à renforcer l'accompagnement des jeunes majeurs vers l'autonomie. Elle avançait notamment la prise en charge obligatoire par l'État des adolescents sortant de l'aide sociale à l'enfance jusqu'à leurs 21 ans, à travers les contrats "jeune majeur", qui bénéficient chaque année à 20.000 jeunes.

Le gouvernement n'a pas inclus cette idée dans son Plan pauvreté, ce qui fait tiquer Lyes Louffok.

"On ne peut pas décréter une politique ambitieuse en matière de lutte contre la précarité, de lutte contre la pauvreté sans se poser la bonne question, qui est 'comment faire pour rendre obligatoire les contrats 'jeune majeur'?'", assure-t-il.

Jeudi, Emmanuel Macron a annoncé qu'il demanderait aux départements d'éviter les "sorties sèches" de l'aide sociale à l'enfance, et mobiliserait 50 millions d'euros pour les aider à remplir cet objectif.

Florian Huvier