Des défenseurs des animaux ont protesté le 13 juin 2019 devant l'ambassade de Grèce à Paris pour réclamer la fin de l'exploitation des ânes et des mules sur l’île de Santorin, alors que débute la haute saison touristique. "Nous voulons alerter les autorités sur ce qui se passe sur l'île de Santorin, une des plus visitées de Grèce, où une centaine d'ânes et de mules utilisés pour le transport des touristes sont maltraités quotidiennement. Ils gravissent plus de 500 marches en pierre et ce 4 à 5 fois par jour, en pleine chaleur", rapporte à l'AFP Marie-Morgane Jeanneau, porte-parole de PETA France. Des événements semblables sont prévus devant des ambassades et consulats grecs partout dans le monde, dont Berlin, Sydney, La Haye, et Washington, selon PETA.
500 marches à gravir plusieurs fois par jour
La polémique ne cesse d'enfler autour de l'utilisation d'ânes et de mules sur l'île grecque de Santorin. Dans une enquête menée par PETA Allemagne et révélée en France le 10 septembre 2018 par la branche française de l'association de protection animale, le triste sort de la centaine d'animaux est un peu plus dévoilé. Par tradition, ces animaux sont contraints de gravir et de redescendre plusieurs fois par jour plus de 500 marches jusqu’à la vieille ville de Firá - et ce, malgré la présence d'un téléphérique à proximité - avec sur le dos des touristes bien trop lourds. "Selon les recommandations vétérinaires sur le bien-être animal, les animaux ne devraient pas porter plus de 20 % de leur poids corporel, soit environ 50 kilogrammes", note PETA dans un communiqué. Au-delà, les animaux souffrent de troubles aux sabots, aux articulations et au dos, les rendant parfois trop faibles pour travailler. Dans ce cas, "ils sont souvent abandonnés et livrés à eux-mêmes", assure l'association. Ou bien ils sont frappés avec des fouets ou des bâtons pour avancer. Même la nuit, certains de ces animaux ne sont pas mis au repos. Ils sont contraints de transporter de lourds sacs d'ordures comme il est possible de le voir dans une vidéo (voir ci-dessous) diffusée par PETA et commentée par la chanteuse Nili Hadida du groupe Lilly Wood & The Prick. En outre, beaucoup de ces animaux n'ont même pas accès à l'eau ou à un coin d'ombre quand le propriétaire attend de nouveaux clients. En outre, "ils souffrent de nombreuses blessures et éraflures provoquées par la sellerie mal ajustée et usée", explique PETA qui réclame l'interdiction des trajets à dos d'ânes à Santorin et qui invite les touristes à utiliser le téléphérique pour rejoindre la vieille ville. Une pétition mise en ligne a déjà récolté plus de 10.000 signatures.
© Youtube / PETA France
La mairie affirme qu'un accord a été trouvé entre âniers et associations de protection animale
La diffusion de cette vidéo par PETA intervient alors que la municipalité grecque, soucieuse d'éviter une contre-publicité à l'île, avait annoncé en juillet 2018 un encadrement du travail des ânes. Dans un communiqué paru le 28 juillet 2018 et consulté par l'AFP, la mairie annonçait avoir réuni âniers et associations de protection des animaux, pour garantir "le respect des droits et du bien-être des ânes". Cette concertation sociale était organisée après que des militants pro-animaux qui manifestaient la veille sur le port aient été violemment pris à partie par des âniers. La manifestation avait été organisée par trois associations grecques de défense des équidés et le groupe d'activistes vegans Dreamdancers en réaction à la circulation sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un ânier frapper violemment son animal.
La municipalité avait indiqué avoir obtenu des parties prenantes un accord sur une série de mesures, pour que les ânes soient "gardés à l'ombre" pendant leurs pauses, et "mieux abreuvés". Les âniers se sont engagés à "limiter l'horaire de travail et la charge" des animaux et à exclure de leurs rangs les propriétaires maltraitants. Selon la mairie, les militants pro-animaux "se sont affirmés satisfaits de ces mesures, à la condition qu'elles soient respectées". Elles ne sont cependant pas suffisantes pour PETA.
AST avec AFP