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Un nouvel antibiotique capable de vaincre les bactéries résistantes

On voit en gros plan plusieurs flacons d'antibiotiques sur un comptoir de la pharmacie d'un hôpital.

Des antibiotiques qui sont administrés aux patients d'un hôpital.

Photo : Radio-Canada / Martin Thibault

Radio-Canada

Depuis des décennies, la communauté médicale est engagée dans une lutte à armes inégales contre les bactéries, capables de résister à un nombre toujours croissant d'antibiotiques. L'annonce, cette semaine, de la découverte d'une nouvelle classe de ces molécules pourrait toutefois donner un peu de répit aux médecins de première ligne.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

Pour la première fois en presque un demi-siècle, des chercheurs ont mis au point un antibiotique capable de s’attaquer à un grand nombre de dangereuses bactéries responsables d’infections multirésistantes en milieu hospitalier.

La baisse de l’efficacité des antibiotiques est reconnue comme étant l’une des menaces les plus importantes de ce siècle, au point où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que les bactéries résistantes pourraient tuer jusqu'à 10 millions de personnes par an d'ici 2050.

Bien qu’il soit encore possible de modifier, en laboratoire, des molécules existantes pour contrecarrer certaines bactéries qui leur sont devenues résistantes, ce n’est qu’une solution de courte durée.

Pour plusieurs équipes de chercheurs, la découverte de nouvelles classes d’antibiotiques auxquelles les bactéries n’auraient jamais été exposées demeure la priorité.

Percer autant les défenses que les résistances

Les bactéries ont malheureusement plus d’une stratégie de défense. En plus de la résistance aux antibiotiques, un groupe de bactéries nommées « Gram négatif », qui incluent les responsables de maladies graves telles que la pneumonie, possèdent une couche protectrice à leur surface. Cette membrane externe ne laisse passer que des molécules spécifiques et bloque toutes les autres.

Pour combattre ce type de bactéries, les chercheurs doivent trouver non seulement un nouvel antibiotique, mais un qui soit aussi en mesure de traverser cette membrane.

Pour réussir, une équipe de chercheurs californiens (Nouvelle fenêtre) s’est tournée vers une classe de produits appelés arylomycines. Ces molécules, qui ont la capacité de pouvoir traverser la membrane de ces bactéries, n’avaient jusqu’à maintenant que des effets très limités une fois à l’intérieur.

Les chercheurs ont donc modifié la structure de l’arylomycine pour lui permettre non seulement de traverser plus facilement la membrane, mais aussi de jouer un plus grand rôle une fois à l’intérieur.

Bloquer la sortie

Le nouvel antibiotique, renommé temporairement G0775, emploie une tactique qui n’avait pas encore été utilisée contre les bactéries infectieuses. Là où certains antibiotiques empêchent la production de molécules importantes pour la bactérie, ou détruisent la membrane protectrice, G0775 s’attaque à la capacité d’une bactérie d’expédier des protéines vers l’extérieur.

Lorsque ce processus est déréglé, tout ce qui est produit par la bactérie s’accumule à l’intérieur, jusqu’à ce qu’elle en meure.

Dans des tests en laboratoire, les chercheurs ont démontré que ce nouveau produit était capable de détruire plus de 49 souches bactériennes résistantes à de nombreux antibiotiques. Parmi ces spécimens, tous obtenus directement de patients malades, on retrouvait même une souche de pneumonie résistante à plus de 13 antibiotiques distincts.

G0775 a aussi été en mesure de combattre des bactéries résistantes dans des tests faits sur la souris, et ce, sans montrer d’effets secondaires ni de toxicité, des problèmes qui auraient pu rapidement mettre fin au développement de ce médicament.

Bien qu'il soit prometteur, il faudra encore beaucoup de temps avant que cet antibiotique ne soit prescrit aux patients.

La dernière fois que la communauté scientifique a annoncé la découverte d’une nouvelle classe d’antibiotiques, c'était en janvier 2015.

G0775 est toutefois toujours en développement. D’ici là, il est également tout à fait possible que ce médicament échoue, lui aussi, dans la transition vers l’humain.

Et même s’il y parvient, il possède la même faille que tous les autres : s’il est utilisé à trop grande échelle, une bactérie y deviendra tôt ou tard résistante, le rendant à son tour inutile.

Pour l’instant, cette molécule conserve l’avantage de n’utiliser aucune des tactiques provenant d’autres antibiotiques et qui auraient déjà été croisées par des bactéries. La découverte de nouveaux antibiotiques demeure toutefois un événement rare, et il est essentiel d’explorer de nouvelles voies pour combattre les bactéries.

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