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Nucléaire : l'étonnant calendrier de la prolongation des réacteurs

Le premier réacteur de la centrale du Tricastin s'arrêtera en juin 2019 pour lancer les travaux de prolongation post-40 ans. Mais l'ASN ne rendra son avis générique sur le sujet que fin 2020.

L'ASN impose, pour donner un feu vert, que la sûreté de ces réacteurs ne soit pas seulement conforme à leur niveau d'origine mais tende vers les standards de ce qui peut - théoriquement - être disponible sur le marché, à savoir l'EPR.
L'ASN impose, pour donner un feu vert, que la sûreté de ces réacteurs ne soit pas seulement conforme à leur niveau d'origine mais tende vers les standards de ce qui peut - théoriquement - être disponible sur le marché, à savoir l'EPR. (Véronique Le Billon/Les Echos)

Par Véronique Le Billon

Publié le 17 sept. 2018 à 16:22

« Tous mobilisés pour exploiter nos tranches au-delà de 40 ans ». Sur les affiches placardées dans la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), les salariés ont un casque sur la tête mais des ballons dans les mains et des colliers de fleurs autour du cou pour promouvoir le « club des supporters des VD4 » - alias visite décennale numéro 4.

La communication est festive mais l'enjeu est important pour EDF : obtenir le tampon de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour exploiter dix années supplémentaires des réacteurs atteignant déjà 40 ans. L'ASN impose, pour donner un feu vert, que la sûreté de ces réacteurs soit non seulement conforme à leur niveau d'origine mais tende vers les standards de ce qui peut - théoriquement - être disponible sur le marché, à savoir l'EPR, réacteur dit de « troisième génération ».

Tricastin 1 « tête de série »

Le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin, connecté au réseau en 1980, est la « tête de série » pour cet examen inédit, et EDF a déjà calé son programme de contrôles et de travaux : Tricastin 1 s'arrêtera le 1er juin 2019 pour 130 jours. Un calendrier qui a de quoi surprendre : l'ASN ne rendra que fin 2020 son avis générique sur la demande d'EDF de prolonger l'exploitation de ses réacteurs de 900 mégawatts au-delà de 40 ans. Et il faudra encore plusieurs mois au gendarme du nucléaire avant de se prononcer sur le cas particulier de Tricastin 1.

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« La prolongation, on en parle depuis 2008-2009 et on a pris position en 2016 sur les objectifs à atteindre », relativise Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN. Initialement, l'Autorité prévoyait toutefois de rendre son avis générique dès cette année. « Cela ne laissera qu'une petite année après la parution de l'avis générique pour préparer sa visite décennale et effectuer les travaux visant à améliorer la sûreté du réacteur. Les délais sont donc très serrés ! », expliquait d'ailleurs le président de l'ASN Pierre-Franck Chevet à propos de Tricastin 1, dans la revue « Contrôle » en 2014.

« Reliquat de travaux »

Le réacteur drômois ne sera pas le seul à avoir mené ses travaux post-40 ans avant l'avis générique. Trois visites décennales sont prévues en 2020, puis cinq en 2021. « C'est sûr que les premiers réacteurs risquent d'avoir un reliquat de travaux plus important que ceux qui viendront après l'avis générique », reconnaît Julien Collet.

« La visite décennale comprend un volume d'activités important qui ne se déploie pas en réalité sur le seul arrêt de 2019, mais plutôt sur cinq ans, jusqu'en 2023 », explique Cédrik Hausseguy, le directeur de la centrale du Tricastin. « Il y a un lissage mais il est réalisé selon des critères de plus-value en matière de sûreté », explique-t-il.

« Jusqu'à deux ans de délai »

L'étalement des travaux concerne notamment les renforcements de sûreté décidés suite à l'accident nucléaire de Fukushima en 2011. EDF a demandé à l'ASN des délais pour la mise en service de ses diesels d'ultime secours (DUS), qui devaient initialement être en service fin 2018. « Jusqu'à deux ans de délai », indique l'ASN, qui instruit la demande de report d'EDF. La conséquence, notamment, d'un problème de génie civil sur les travaux en toiture de ces nouveaux bâtiments.

Le « DUS » de Tricastin 1 devrait être opérationnel courant 2019, tandis que le centre local de crise le serait en 2021. Quant à l'appoint ultime en eau (le pompage dans la nappe phréatique), « le forage est fait », indique EDF, qui prévoit le raccordement des tuyauteries « en dur » à l'horizon 2023.

Des contrôles sur la cuve

L'un des enjeux identifiés de longue date par l'ASN est aussi le renforcement des sources de refroidissement pour les piscines à combustible, et dont les ONG antinucléaires demandaient la bunkerisation pour les protéger d'éventuelles agressions. EDF a fait ses propositions cet été, et les travaux se dérouleront lors de la visite décennale.

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Lors de la visite l'été prochain, la phase de contrôles sera particulièrement importante pour Tricastin 1, dont la cuve présente depuis l'origine des défauts sous revêtements. « Les défauts n'ont jamais évolué mais il faut s'en assurer, et EDF doit démontrer que c'est bon pour dix ans de plus », indique Julien Collet.

À noter

Une concertation auprès du public sur l'amélioration de la sûreté des réacteurs au-delà de 40 ans d'exploitation vient d'être lancée pour six mois.

Envoyée spéciale au Tricastin (Drôme)

Véronique Le Billon

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