Procès Virus : comment l'argent sale circule entre fraude fiscale et trafic de drogue

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Procès Virus : comment l'argent sale circule entre fraude fiscale et trafic de drogue

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Salle des pas perdus du palais de Justice de Paris
Salle des pas perdus du palais de Justice de Paris
© Maxppp - Nicolas Kovarik

Le procès d'une gigantesque lessiveuse s'ouvre lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris, avec 40 prévenus. Dans ce dossier baptisé "Virus" (par la police), des fraudeurs du fisc aidaient des trafiquants de cannabis à blanchir leur argent, et récupéraient ainsi en cash leurs avoirs cachés en Suisse.

Au départ en mars 2012, c'est une enquête classique qui démarre sur des trafiquants qui ramènent d'Espagne des tonnes de cannabis. Des centaines d'heures d'écoutes téléphoniques et de surveillance plus tard, les policiers vont aussi démanteler plusieurs réseaux de blanchiment.

Celui qui va surtout occuper le tribunal correctionnel de Paris (jusqu'au 12 octobre) avait son siège dans un des plus beaux immeubles de Genève. Cette officine suisse, GPF SA, dissimulait la fortune d'une clientèle d'évadés fiscaux, certains récupérés après le scandale HSBC. Entre la fraude fiscale et l'argent de la drogue, le pivot est un courtier occulte, un "saraf". En, apparence, un modeste carrossier de Casablanca. Il organise la collecte des recettes du cannabis en région parisienne. En échange, il verse aux trafiquants des dirhams au Maroc, ou demande au banquier de Genève de leur faire des virements à l'étranger. Le cash des trafiquants, au moins douze millions d'euros sur 2010-2012, était alors distribué aux clients de l'officine suisse, qui ne pouvaient pas retirer de l'argent dans un distributeur à Paris.

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Une affaire de famille

Au cœur de cette affaire, la fratrie El Maleh : Meyer El Maleh, à la tête de l'officine suisse, "structure de gestion et de blanchiment du patrimoine de fraudeurs fiscaux, notamment français" selon les juges d'instruction ; Nessim, cadre à la HSBC Private Bank de Genève (il a été licencié depuis) ; et Mardoché, qui réceptionnait à Paris l'argent de la drogue et le redistribuait (les enquêteurs ont retrouvé notamment 100 000 euros dans sa penderie, alors qu'il touchait des indemnités de Pôle Emploi).

Parmi la trentaine de fraudeurs du fisc interpellés figuraient plusieurs chefs d'entreprise, un avocat d'affaires parisien, et l'ancienne élue écologiste du XIIIe arrondissement Florence Lamblin. Elle ne sera pas au tribunal : comme la moitié des fraudeurs, elle a préféré une procédure de plaider coupable.

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