Alexandre Benalla : les cinq phrases fortes de son audition décryptées
Alexandre Benalla a répondu pour la première fois mercredi aux questions de la commission d'enquête parlementaire du Sénat. Retour sur cinq explications qu'il a livrées aux élus.
Dès le début de son audition, mercredi, devant la commission d'enquête parlementaire du Sénat, Alexandre Benalla a tenté de faire baisser la pression : l'ancien chargé de mission a présenté ses excuses aux élus et notamment le président de la commission Philippe Bas qu'il avait qualifié de "petit marquis". Mis à part quelques recadrages sur le fond, Alexandre Benalla a ensuite répondu aux nombreuses questions des élus "de manière très précise" - il n'a pas cessé de répéter cette formule pendant ses deux heures d'audition. Missions exercées à l'Elysée, port d'arme et avantages dont il aurait bénéficié, voici les principales explications qu'il a livrées.
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1 - "Je n'ai jamais été ni policier ni garde du corps du président de la République"
Le contexte : dès le début de l'affaire, Alexandre Benalla a été qualifié dans les articles de presse de "garde du corps d'Emmanuel Macron" quand il était candidat. Et il a été vu en position d'"épaule" du Président, c'est-à-dire le garde du corps chargé de rester au plus près d'Emmanuel Macron, ou de "siège" du Président, celui qui est assis à l'avant des voitures lors des déplacements privés ou officiels. Son rôle exact, dans la campagne puis à l'Elysée, est l'une des questions lancinantes de l'affaire.
Ce que dit Alexandre Benalla : ce dernier a insisté à plusieurs reprises sur le fait de "n'avoir jamais été ni policier ni garde du corps du président de la République", comme du candidat Macron. Pourquoi s'est-il retrouvé régulièrement auprès d'Emmanuel Macron dans la position physique d'un garde du corps? "J'ai assuré [pendant la campagne] une tâche d'organisation générale, de sécurité générale […] J'ai été l'interface, eu un rôle de facilitateur, entre le candidat et un certain nombre de personnes." Ce qui requiert, selon lui, une "proximité physique", sur des meetings notamment. De même, une fois à l'Elysée, Alexandre Benalla n'a jamais été, selon ses propos, "l'épaule" ou "le siège du président".
Ce que ça change : Alexandre Benalla corrobore les explications livrées par le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron Patrick Strzoda, le 24 juillet dernier devant les députés. Et dément plusieurs sources, citées par la presse pendant deux mois, selon lesquelles il était "le siège" du candidat Macron. De nombreuses images démontrent pourtant qu'il se trouvait en situation physique d'être à la place d'un garde du corps d'Emmanuel Macron.
2 - "Le port d'arme n'était pas lié à la sécurité du Président, mais à ma sécurité personnelle"
Le contexte : Alexandre Benalla a essuyé trois refus d'autorisation de port d'arme, entre 2013 et 2017, le ministère de l'Intérieur estimant qu'il n'avait pas besoin d'une arme dans l'exercice de ses fonctions. Pourtant, en octobre 2017, il s'est vu délivrer une autorisation par la préfecture de police de Paris au motif qu'elle était nécessaire à l'exercice de ses fonctions.
Ce que dit Alexandre Benalla : "parce que quand vous êtes dans des fonctions à la présidence de la République, ou pendant la campagne présidentielle, on est exposé, on passe dans les médias, vous êtes identifié quand vous habitez dans le même endroit depuis huit ans, il peut vous arriver quelque chose", a justifié l'ex-chargé de mission après avoir expliqué avoir "fait une demande à titre personnel". Or, l'arrêté de la préfecture de police, lui donnant autorisation du port d'arme, évoque bien "une mission de police dans le cas de son action de coordination de la sécurité de la présidence de la République avec les forces militaires et le GSPR [en charge de la sécurité de l'Elysée]". Réponse de Benalla : "Cet arrêté a été rédigé par un service, qui s'appelle la direction de la police générale, et qui a essayé de faire rentrer mon cas - qui n'est pas un cas conforme - dans les clous."
Ce que ça change : Alexandre Benalla a suscité la circonspection de la commission par ses réponses, en contradiction avec l'arrêté de la direction de la police générale. Par ailleurs, la question de l'usage de son arme reste en suspens. Il a expliqué être visé par des menaces qu'il a refusé de préciser et a indiqué n'avoir jamais utilisé l'arme dans le cadre de ses fonctions. Mais il a confirmé "avoir pu se trouver avec l'arme sur [lui] lors de déplacements officiels" ou "privés" d'Emmanuel Macron.
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3 - "Il a pu arriver que j'ai une arme sur moi à l'occasion d'un déplacement officiel" ou "privé" d'Emmanuel Macron
Le contexte : au-delà du processus de demande d'autorisation du port d'arme, l'usage même de l'arme pose question.
Ce que dit Alexandre Benalla : il a expliqué être visé par des menaces qu'il a refusé de préciser et a indiqué n'avoir jamais utilisé l'arme dans le cadre de ses fonctions. Mais il a confirmé "avoir pu se trouver avec l'arme sur [lui] lors de déplacements officiels" d'Emmanuel Macron, avant de préciser que "cela a pu être aussi le cas pour des déplacements privés". L'ancien chargé de mission a également explique que "[sa] mission était permanente". Ce qui justifiait, selon lui, le port de son arme chez lui ainsi que lors de ses déplacements entre son domicile et l'Elysée.
Ce que ça change : Alexandre Benalla a refusé d'expliquer la nature des menaces qui pesaient sur sa personne. Interrogé sur le sujet lors de son audition, Yann Drouet, l'ancien chef de cabinet du préfet de police qui autorisé le port d'arme, a également refusé de préciser ce sujet.
4 - "C'est Patrick Strzoda qui m'a annoncé ma sanction [au lendemain des événements du 1er mai]"
Le contexte : Alexandre Benalla, au lendemain des événements du 1er mai, a été mis à pied pendant quinze jours. Qui a décidé cette sanction et qui était au courant au sein du palais présidentiel?
Ce que dit Alexandre Benalla : il a confirmé la version donnée par Patrick Strzoda, selon laquelle le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron l'a bien reçu pour un entretien préalable avant de lui signifier la mise à pied de quinze jours. L'ex-chargé de mission apporte une précision : Patricia Jannin [la cheffe du service des ressources humaines et des finances de l'Elysée, NDLR] m'a ensuite reçu dans un deuxième entretien pour me signifier la décision de Patrick Strzoda."
Ce que ça change : seuls Patrick Strzoda et Patricia Jannin ont officiellement participé au processus de mise à pied d'Alexandre Benalla. Pour l'opposition politique, Alexandre Benalla aurait dû être demis de ses fonctions dès le début de cette affaire.
5 - "Il n'y avait pas de demande particulière à avoir accès à toute l'Assemblée nationale"
Le contexte : Alexandre Benalla s'était vu délivrer un badge H, comme "Hémicycle", qui lui permettait d'avoir un accès total à l'Assemblée nationale .
Ce que dit Alexandre Benalla : l'ancien chargé de mission a d'abord expliqué avoir eu un badge de "collaborateur occasionnel", délivré par deux députés socialistes quand il travaillait pour les services de sécurité du PS. "Je l'ai dit et je le reconnais, c'était un caprice personnel, c'était pour continuer à aller à la salle de sport, la bibliothèque", a-t-il ensuite détaillé avant d'affirmer : "Il n'y avait pas de demande particulière à avoir accès à toute l'Assemblée [...] Je ne sais pas ce que j'aurais fait dans l'hémicycle." Et de détailler la façon dont il a obtenu le badge : "Quand vous êtes collaborateur du président de la République et que vous sollicitez un badge, de manière automatique, les services administratifs de l'Assemblée nationale vous délivrent un badge collaborateur d'Emmanuel Macron. Il est écrit dessus avec un H, parce que c'est le plus haut niveau d'accès, mais ce n'est pas une demande qui est analysée. C'est un process automatique."
Ce que ça change : Les sénateurs ont pris note de la réponse d'Alexandre Benalla, relevant toutefois l'avantage dont bénéficiait l'ancien chargé de mission. "Il y a des associations au sein de l'Assemblée, comme les clubs de sport, qui sont ouverts à n'importe quel citoyen. Je payais ma cotisation. Je voulais continuer à y aller", a répliqué l'ex-chargé de mission.
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