Mettre des ruches sur les toits des bâtiments n'est pas forcément une bonne idée. Les ruches urbaines participent à l'expansion des abeilles domestiques mais représentent à terme un danger pour les abeilles sauvages, pourtant pilier de la biodiversité grâce à leur rôle de pollinisateurs.

Les toits de paris accueillent 1000 ruches urbaines. Chacune abrite environ 50 000 abeilles. Il faut donc compter, rien que pour Paris, 50 millions d’abeilles domestiques. Mais aussi surprenant que cela puisse l’être, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la biodiversité. "Nous, notre action pour la biodiversité, c’est de ne pas mettre de ruche sur notre toit", ironisait un cabinet d’avocat lors de la présentation de Act4 Nature en juillet.
Les abeilles domestiques seraient en effet néfastes aux abeilles sauvages selon une étude réalisée par l’Université de Cambridge en début d’année. La première, appelée mellifère occidentale (Apis mellifera), est issue de l’élevage. Productrice de miel, elle est en activité environ neuf mois par an. Au contraire, les abeilles sauvages sont souvent solitaires et leur saison d’activité est plus courte. Or, en ville, les ressources florales sont limitées, et les abeilles sauvages souffrent de cette compétition, estiment les chercheurs.
Mieux vaut sauver les abeilles sauvages
"Il existe des centaines d’espèces d’abeilles sauvages, dont le bourdon par exemple. Elles jouent un rôle primordial de pollinisateurs et assurent donc la sécurité alimentaire", indique à Novethic Isabelle Dajoz, professeure d’écologie à l’université Paris-Diderot. "À Paris, on a atteint une densité d’abeilles domestiques trois fois plus importante que celle dans le milieu agricole".
Les abeilles domestiques et les abeilles sauvages subissent toutes deux les impacts des pesticides et surtout des néonicotinoïdes. Surnommés les "pesticides tueurs d’abeilles", les néonicotinoïdes attaquent leur système nerveux, les désorientent et les affaiblissent. Mais la perte d’une seule espèce d’abeilles, en l’occurrence les domestiques, est moins impactante pour la biodiversité que les centaines d’espèces d’abeilles sauvages qui constituent un réservoir de diversité pour assurer la pollinisation.
Les ruches urbaines, un vrai business
Pour Vincent Sonnay, biologiste, "il faut éviter d’installer plus de ruches en ville", indique-t-il dans les colonnes de Terre Nature. "Contrairement à l’abeille mellifère qui parcourt facilement trois kilomètres pour butiner, l’abeille sauvage à un rayon d’action de 300 à 500 mètres seulement. Cela la rend hyperdépendante de la flore locale et très vulnérable à la concurrence."
"Il faut juste être raisonnable", défend plutôt Isabelle Dajoz qui reconnaît que ces installations de ruches traduisent une bonne intention. Mais aujourd’hui, elles sont devenues un véritable business. Plusieurs sociétés installant des ruches sur les toits des entreprises se sont multipliées ces dernières années.
Londres qui en était très friande, commence d’ailleurs à faire machine arrière. De son côté l’UNAF, Union nationale des apiculteurs français, juge que ces ruches ne représentent pas un danger pour les autres pollinisateurs.
Marina Fabre @fabre_marina 

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