Mieux vaut adapter sa pratique sportive lors d'importants pics de pollution.
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Santé

Sport en ville : comment éviter les risques liés à la pollution ?

Face aux études alarmantes qui se multiplient sur la pollution de l'air en ville, la question de la pratique d'une activité physique peut se poser. Voici quelques conseils pour adapter sa pratique sportive dans les zones polluées.

Au mois de juin, Greenpeace pointait du doigt les risques liés à la pratique sportive dans un environnement pollué. L'ONG dénonçait la pollution de l'air aux abords de terrain de sport situés à Paris, Lyon et Marseille. Cette étude sur la pollution due à la circulation a relevé des taux de dioxyde d'azote préoccupants. Or, selon les chiffres publiés en 2017 par l'Agence européenne de l'environnement, le dioxyde d'azote (NO2) provoquerait 75 000 décès prématurés en Europe, chaque année. Comment faire pour se préserver tout en ayant une activité sportive ? ID a demandé conseil à Gilles Dixsaut, médecin généraliste et président de la Fondation du souffle.

Consulter la qualité de l'air

Pour ce spécialiste, le premier réflexe à adopter avant d’aller faire du sport en ville est de consulter la qualité de l'air. "Des sites comme Atmo France mettent à jour quotidiennement leurs données. Ils permettent de se renseigner sur la qualité de l'air durant la journée. Certains publient même des prévisions pour les jours à venir", précise le praticien. En fonction de la qualité de l'air, il conseille d'adapter sa pratique sportive. Durant un pic de pollution, il est conseillé d'éviter de pratiquer une activité sportive, notamment pour les personnes plus sensibles. Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables à cette pollution.

Éviter les grands axes

En pratiquant du sport en ville, mieux vaut éviter les grands axes de circulation. "Pour pratiquer un exercice physique, il est conseillé de privilégier les secteurs à l'écart de la pollution. En pleine ville, il y a par exemple les parcs où les taux de pollution décroissent assez facilement. Si c'est possible, privilégiez même les bois en périphérie, il faut toujours garder à l'esprit de faire du sport le plus loin possible des axes routiers", appuie Gilles Dixsaut. Puisque la pollution de l'air est notamment due à la circulation des véhicules en ville, mieux vaut éviter d'aller se dépenser aux heures de pointe. Il est préférable de privilégier des heures très matinales, entre 4 heures et 8 heures du matin ou après 21h. Le week-end aussi est un moment à privilégier pour ses activités puisque la pollution de l'air sera moins importante. 

Par ailleurs, pratiquer du sport à l'intérieur ne signifie pas que la qualité de l'air y sera meilleure. Une salle de sport mal ventilée peut aussi rencontrer des problèmes de pollution. Les risques pathogéniques sont d'ailleurs plus importants que la pratique de sport à l'extérieur. "C'est le cas aussi pour les piscines qui sont souvent mal ventilées. C'est pour cette raison que de nombreux maîtres nageurs souffrent d'asthme", précise Gilles Dixsault.

Favoriser des pratiques sportives douces

En termes de pratiques sportives, le médecin conseille de privilégier des activités qui ne sont pas trop intenses et ce même lorsque la pollution n'est pas forte. "La marche rapide et le vélo sont des activités physiques relativement douces que je conseille de pratiquer. Concernant la course à pied, tout dépend de son niveau. En l’occurrence, mieux vaut éviter de courir un sprint lorsqu'on fait du sport en ville", ajoute-t-il. Le nez étant un bon filtre à particules, il conseille de respirer au maximum par le nez plutôt que par la bouche lors de l'effort. Concernant l'utilisation des accessoires de protection tels que les masques anti-pollution, il rappelle qu'ils ne diminuent pas l'exposition à des polluants non particulaires. Selon le dernier rapport de l'Anses, trop peu de données sont disponibles pour attester d'un véritable bénéfice sanitaire.

Ne pas arrêter pour autant le sport

En vivant en ville, difficile d'échapper à la pollution de l'air. Selon une étude de l'ONG "Transport and Environment", notamment en raison des particules fines, respirer dans les grandes villes européennes pendant quelques jours serait aussi nocif que fumer plusieurs cigarettes. Pour autant, ce n'est pas une excuse pour arrêter de pratiquer une activité physique, puisque selon lui, c'est l'air pollué respiré dans l'ensemble d'une vie qui compte. "De nombreuses études ont prouvé depuis qu'il était bien plus bénéfique de pratiquer une activité physique. Malgré les risques encourus, le bénéfice existe toujours", souligne le Dr Gilles Dixsaut. Selon une étude du Journal of the American Health Association menée par des chercheurs danois, espagnols et allemands, il est préférable de pratiquer une activité physique régulière à un niveau modéré. Selon leurs conclusions, des déplacements en mode actif réduisent le risque de crise cardiaque et ce même en cas de pollution de l'air.