Emmanuel Macron cherche à se réconcilier avec les retraités mais ça ne va pas être simple
L'exécutif cherche à dissiper le soupçon de dureté à l'égard des retraités. Mais la marche est encore haute.
Après les claques, les câlins. L'exécutif cherche depuis plusieurs jours à corriger l'image de dureté qu'il a auprès des retraités. Depuis le début du quinquennat, cette catégorie de la population a en effet été l'une des plus impactées par la politique économique d'Emmanuel Macron . Ils ont d'abord eu à subir - pour une majorité d'entre eux - une hausse de la CSG d'1,7 point sans réelle compensation, contrairement aux salariés du privé. A la rentrée 2018, Edouard Philippe a ensuite annoncé dans un entretien au JDD que les pensions de retraites n'augmenteraient que de 0,3% en 2019 et en 2020 .
L'exécutif cherche à présent à clore cette séquence. Mardi, Emmanuel Macron a exclu toute idée de réforme des droits de succession alors que le sujet avait été ouvert quelques jours plus tôt par le ministre et délégué général d'En Marche Christophe Castaner. "On n’y touchera pas tant que je serai là. […] On a demandé des efforts aux retraités. Mais, maintenant, arrêtez de les emmerder", a tonné Emmanuel Macron, selon des propos rapportés par ses services à la presse.
Des nouvelles mesures pour les retraités...
Jeudi, c'est Edouard Philippe qui a annoncé des nouvelles mesures pour calmer la grogne des retraités. Près de 300.000 retraités vont ainsi bénéficier d'un geste fiscal destiné à compenser la hausse de la CSG entrée en vigueur au 1er janvier 2018, et non 100.000 comme initialement prévu, a indiqué sur France Inter le Premier ministre.
Cette mesure correctrice avait été annoncée fin mars par le gouvernement. Mais l'exécutif n'avait alors pas précisé la façon dont elle allait s'articuler. Concrètement, "il faudra être passé pendant deux ans en continu au dessus du seuil arrêté l'année passée pour être frappé par cette augmentation de la CSG", a expliqué jeudi le Premier ministre. La hausse de la CSG s'applique aux retraités dont le revenu fiscal de référence se situe au-dessus de 14.404 euros pour une personne seule, et 22.051 euros pour un couple. Selon Bercy, près de 60% des retraités, soit 7,5 millions de personnes, sont actuellement concernés par la hausse de la CSG.
... mais le lien semble durablement distendu entre les retraités et Emmanuel Macron
La marche paraît toutefois haute pour Emmanuel Macron pour récupérer la confiance de ces inactifs. Les retraités sont en effet l'une des catégories de la population les plus déçues par Emmanuel Macron. Pourtant, ils font partie des gens ayant le plus soutenu le chef de l'Etat au début de son mandat. Selon notre sondage Ifop pour le JDD, 67% d'entre eux approuvaient son action (+3 points par rapport à son score global) en mai 2017. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 31% (-3 points par rapport à son score global). Soit une baisse vertigineuse de 36 points en un an et demi.
En avril dernier, Emmanuel Macron avait bien tenté la tactique du franc-parler pour les rassurer mais sans succès : "J'ai demandé un effort aux 60% de retraités qui payent un taux normal. D'abord, je leur dis merci. J'ai besoin de vous, je n'ai pas de souverain mépris. J'ai demandé un effort, je ne les ai pas pris en traître. Je n'ai jamais pris les retraités pour un portefeuille", avait-il expliqué dans une émission spéciale présentée par Jean-Pierre Pernaut, un journaliste très apprécié des retraités.
Le lien distendu entre les retraités et Emmanuel Macron inquiète en tout cas jusqu'au gouvernement. "Il faut écouter les personnes âgées. Si celles-ci protestent, ce n’est pas parce qu’elles sont de mauvaise foi. Oui, à un moment donné, il ne faut pas charger la barque", a cinglé dans L'Express le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Les mesures prises par l'exécutif semblent avoir durablement marqué cette population comme le confirme dans Le Monde la députée En Marche de la Meuse, Emilie Cariou : " Sur les marchés, les retraités me parlent de la hausse de la CSG, même ceux qui ne l’ont pas subie."
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