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Etats-Unis : déjà, en 1991, un candidat à la Cour suprême accusé de harcèlement sexuel

L’audience du juge Kavanaugh, accusé de tentative de viol, lundi, fait écho à celle vécue par Anita Hill, qui craint que l’histoire ne se répète.

Le Monde avec AP, AFP et Reuters

Publié le 19 septembre 2018 à 20h00, modifié le 20 septembre 2018 à 08h08

Temps de Lecture 6 min.

Dans une tribune publiée dans le « New York Times »,  Anita Hill pense que la commission du Sénat a « l’opportunité de faire mieux pour le pays que ce qu’elle a fait il y a près de trois décennies ».

Jour après jour, la pression monte sur les vingt membres de la commission judiciaire du Sénat qui supervise le processus de nomination à la Cour suprême. Le candidat du président Donald Trump, le juge Brett Kavanaugh, est convoqué lundi 24 septembre, en même temps que Christine Blasey Ford, pour une audience publique destinée à examiner les allégations de cette femme qui l’accuse d’une agression sexuelle remontant aux années 1980.

Cette audition fait écho à un épisode étonnamment similaire, survenu en 1991. Cette année-là, le Sénat américain avait entendu le juge Clarence Thomas, candidat de George H. W. Bush pour entrer à la Cour suprême, la plus haute juridiction des Etats-Unis, et une de ses anciennes collègues, Anita Hill, qui l’accusait de harcèlement sexuel. Ce souvenir, ravivé par l’actualité, a incité cette professeure de droit à prendre la parole dans une tribune, publiée mardi 18 septembre par le New York Times.

Anita Hill prêtant serment devant la commission judiciaire du Sénat, en 1991.

Le 11 octobre 1991, Anita Hill avait elle aussi été auditionnée par cette commission sénatoriale dans des circonstances comparables. Face à un auditoire exclusivement masculin, elle avait accusé le magistrat conservateur, pour lequel elle a travaillé dans les années 1980, d’avoir à plusieurs reprises tenu des propos déplacés sur leur lieu de travail, notamment en lui décrivant des films pornographiques.

Lors d’une audition suivie par 20 millions de foyers, le juge Thomas, qui est noir, comme Mme Hill, avait nié en bloc et dénoncé un « lynchage » raciste. Les sénateurs avaient passé Anita Hill sur le gril sans ménagement : « Etes-vous une femme aigrie ? » ; « Etes-vous une militante ? » ; « Etes-vous crédible ? » A l’issue de cette audition, le juge Thomas a obtenu un vote favorable (52 voix pour, 48 contre). Il siège encore aujourd’hui à la Cour suprême.

Si Anita Hill a perdu cette bataille, elle est devenue une source d’inspiration pour de nombreuses Américaines. En 1992, surnommée « l’année des femmes », un nombre record de femmes font leur entrée au Congrès. Et le nombre de plaintes pour harcèlement sexuel au travail a doublé dans les années suivante.

Anita Hill et Donald Trump s’engagent

Dans sa tribune, Anita Hill a affirmé que la commission du Sénat avait « l’opportunité de faire mieux pour le pays que ce qu’elle a fait il y a près de trois décennies ». Elle y déplore que la commission n’ait toujours pas de « protocole » pour traiter les accusations d’abus sexuel, et considère que cette dernière « a très peu appris depuis l’audition du juge Thomas, beaucoup moins que le mouvement #metoo ».

Mercredi, dans une interview sur ABC, elle a apporté son soutien à la demande de Christine Blasey Ford pour l’ouverture d’une enquête du FBI sur les accusations à l’encontre de Brett Kavanaugh.

De son côté, Donald Trump a affirmé, mercredi 19 septembre, vouloir entendre le témoignage de Christine Blasey Ford, l’accusatrice. « Si elle fait une prestation crédible, ce sera intéressant et nous devrons prendre une décision », a-t-il dit. Mais il a aussi rappelé qu’il faisait entièrement confiance à Brett Kavanaugh : « La seule chose que je puisse dire est que c’est un homme extraordinaire, il est très difficile pour moi d’imaginer qu’il se soit passé quoi que ce soit. »

Mais les Etats-Unis de 2018 ne sont pas ceux de 1991. Le nombre d’élues – même s’il reste inférieur à celui des hommes – a progressé et la commission compte désormais quatre sénatrices. Le mouvement #metoo a également entraîné une prise de conscience nationale sur l’ampleur des violences sexuelles et fait chuter des dizaines de personnalités depuis la mise en cause du producteur Harvey Weinstein en octobre.

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Christine Blasey Ford devrait donc au moins être traitée avec plus d’égards qu’Anita Hill. Elle ne mérite d’être « ni insultée, ni ignorée », a déjà averti la conseillère à la Maison Blanche Kellyanne Conway.

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Le Monde avec AP, AFP et Reuters

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