La première ministre britannique a estimé, vendredi 21 septembre, que les négociations du Brexit entre Londres et Bruxelles étaient « dans une impasse », après le rejet par les Européens de la proposition britannique lors du sommet informel de Salzbourg.
« Il est inacceptable de rejeter la proposition d’une des parties sans explication détaillée et sans contre-proposition », a-t-elle déploré dans une déclaration depuis son bureau de Downing Street.
A Salzbourg, le rejet sans équivoque par les Vingt-Sept de la proposition britannique, jugée incompatible avec l’intégrité du marché unique et le maintien des quatre libertés de circulation (biens, services, personnes et capitaux), a cueilli Theresa May à froid tant elle espérait un geste pour la conforter face à son parti ultra-divisé sur le Brexit.
Mme May a maintenu que le « plan de Chequers », qui avait été présenté par son gouvernement en juillet et qui prévoit le maintien d’une relation économique étroite avec la création d’une zone de libre-échange pour les biens industriels et les produits agricoles, restait « la meilleure manière de protéger les emplois [au Royaume-Uni] et en Europe ».
L’option du « backstop » exclue
Cette proposition doit aussi, selon le gouvernement britannique, permettre de maintenir les échanges économiques sans créer de « frontière physique » entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Mais le rejet de ce plan par l’Union européenne revient, de fait, à s’en tenir à la solution dite du « filet de sécurité », convenue en décembre dernier.
Cette alternative, dite de backstop en anglais, consiste à garantir un alignement réglementaire de l’Irlande du Nord sur l’UE faute d’autre accord. Elle a été exclue par Mme May.
« Comme je l’ai dit aux dirigeants européens, aucune des deux parties ne devrait demander l’inacceptable à l’autre, a-t-elle soutenu. Nous ne pouvons accepter quoi que ce soit qui menacerait l’intégrité de notre royaume. » « Nous avons désormais besoin d’entendre de la part de l’UE ce que sont les vrais problèmes et les alternatives qu’ils proposent, a-t-elle conclu. D’ici là, nous ne pourrons faire aucun progrès. »
De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a répondu vendredi soir qu’il était convaicu qu’un compromis « bon pour tous » est encore possible. « Pour le bien des négociations, et par respect pour les efforts de la première ministre Theresa May, nous avions décidé de considérer le plan de Chequers comme un pas dans la bonne direction », a-t-il ajouté. M. Tusk a expliqué que c’est « la position britannique, avant et pendant le sommet de Salzbourg, étonnement dure et intransigeante », qui a amené les dirigeants européens à « réitérer leur position sur l’intégrité du marché unique ».
Fragilisée depuis la perte de sa majorité parlementaire absolue après les élections législatives anticipées qu’elle avait convoquées en juin 2017, Mme May sait qu’elle est attendue au tournant par les tenants d’une rupture nette avec Bruxelles, qui voudraient la déboulonner.
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