“Vous devriez parler de cannabis avec vos grands-parents”, conseille le Washington Post à ses lecteurs.
Et pour cause, selon une nouvelle étude sur la consommation de drogue publiée en septembre par l’Agence des services en toxicomanie et en santé mentale, la consommation de cannabis a explosé ces dix dernières années chez les Américains âgés de plus de cinquante ans.
“Jusqu’en 2000, rappelle le journal, les adolescents étaient quatre fois plus susceptibles d’avoir consommé de la marijuana que les quinquagénaires et les sexagénaires.”
L’âge d’or des seniors
Aujourd’hui, dans la catégorie des personnes qui fument de la marijuana chaque mois, “on retrouve davantage de baby-boomers âgés de 55 à 64 ans que d’adolescents âgés de 12 à 17 ans”.
Les seniors américains de plus de 65 ans ont également vu leur consommation augmenter, note le quotidien, qui y voit un effet peu connu de la légalisation du cannabis.
“En général, on a tendance à se focaliser sur les effets de la légalisation sur la consommation des plus jeunes”, pourtant l’usage de la marijuana “se concentre aujourd’hui chez les personnes plus âgées”.
Depuis 2012, neuf États américains et la région de la capitale fédérale ont légalisé la consommation de cannabis à des fins récréatives pour les adultes, rappelle le journal.
“Cette vague de légalisation déferle alors que les baby-boomers entrent dans leur âge d’or. Ceux-ci étaient déjà des consommateurs de cannabis dans les années 1960 et 1970, et il semble qu’ils utilisent aujourd’hui leurs années de retraite pour réitérer les expérimentations de leur jeunesse.”
Enfin, l’usage médical de la marijuana entre également en ligne de compte. Selon une autre étude citée par le journal, plus de 20 % des seniors expliquent que c’est leur praticien qui leur a recommandé d’essayer le cannabis.
Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueurs de tous bords politiques.
Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l’indépendance du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisition par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.
En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-Graham a été racheté par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologies. Les développeurs et datascientifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalistes ; les titres sont souvent plus accrocheurs et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importantes qui ont permis l’embauche de 140 journalistes, après des années de licenciements. Mais les recettes restent insuffisantes et l’avenir suscite toujours des inquiétudes.
Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internautes de l’étranger. Il a expérimenté ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalisme immersif.