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Un incroyable crâne vieux de 200.000 ans caché depuis 85 ans dans un puits en Chine

Ce crâne présenté 85 ans après sa découverte pourrait alimenter de nombreux débats dans la communauté scientifique. Université Hebei GEO

Des chercheurs chinois ont présenté un crâne vieux de plus de 200.000 ans incroyablement bien conservé. Il avait été découvert en 1933 avant d'être caché plus de 80 ans !

Découvert en 1933, ce crâne n'a été dévoilé au public que le 12 septembre dernier! C'est à l'occasion d'une conférence de presse organisée par l'Université GEO du Hebei, que les chercheurs Ni Xijun et Ji Qiang ont présenté ce qu'ils qualifient «d'un des plus anciens fossiles humains au monde». Ils n'ont en revanche pas encore publié d'article dans une revue scientifique pour accompagner leur découverte. D'un âge compris entre 200.000 et 400.000 ans, ce crâne incroyablement bien conservé est présenté comme celui d'un représentant de l'espèce Homo heidelbergensis.

Si les chercheurs ont mis si longtemps à dévoiler l'existence de ce fabuleux trésor paléontologique, c'est qu'ils n'en ont fait l'acquisition que récemment. Le crâne a passé plus de 80 ans dans un puits de la province chinoise de Heilongjiang, dans le nord est de la Chine, avant d'arriver dans leur laboratoire. En 1933, un agriculteur chinois le découvre par hasard. Réalisant l'étrangeté du crâne, il le cache à l'armée japonaise (qui occupait le pays depuis 1931) en le dissimulant dans son puits. Avant de mourir, il en parle à son fils et son petit-fils. Ces derniers pensaient en faire don à leur pays, sans savoir comment procéder avant de rencontrer le professeur Ji en août dernier.

«Le contexte de cette découverte rend le crâne extrêmement difficile à dater,» regrette Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Musée de l'Homme. «Dans leur communiqué, les scientifiques chinois donnent une fourchette entre 200.000 et 400.000 ans, sans pour autant détailler la méthodologie. Or dater un squelette à partir des seuls ossements est très imprécis. À moins de retrouver la couche de sédiments précise dans laquelle le crâne a été déterré, ce qui paraît compliqué puisque son découvreur est décédé, nous ne serons probablement jamais sûrs à 100%. Mais cette découverte n'en est pas moins exceptionnelle! Les crânes si bien conservés sont extrêmement rares.»

«Plus on découvre de restes humains, plus on se rend compte combien le genre homo était buissonnant»

À partir de l'analyse anatomique, les chercheurs chinois attribuent ce crâne à Homo heidelbergensis, espèce décrite pour la première fois en 1908 à partir d'une mandibule trouvée en Europe. Il vivait il y a 650.000 à 300.000 ans, avant l'apparition de l'homme de Néandertal en Europe et de l'homme de Denisova en Asie. Néandertal et Denisova sont deux espèces cousines de notre ancêtre Homo sapiens.

En collant l'étiquette Homo heidelbergensis sur ce crâne, les scientifiques chinois accréditent une théorie ethnocentrique, défendue par certains de leurs compatriotes, qui veut voir un schéma évolutif parallèle et ferait de la Chine le berceau de l'humanité. Dans ce schéma, Homo heidelbergensis ne serait pas seulement l'ancêtre de Néandertal et de Denisova, mais aussi celui d'Homo sapiens. A minima, l'homme moderne ne serait pas seulement né en Afrique, mais simultanément en Asie.

Les analyses paléanthropologiques et génétiques ne laissent pourtant que peu de place au doute sur le berceau d'Homo sapiens. Il y a plusieurs centaines de milliers d'années l'Afrique, l'Europe et l'Asie étaient peuplées de plusieurs espèces humaines après une première sortie d'Afrique il y a plus d'un million d'années. Il y a au moins 300.000 ans, notre ancêtreHomo sapiens est apparu en d'Afrique et a ensuite quitté l'Afrique il y a entre 100.000 et 70.000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant petit à petit les espèces humaines qui vivaient là.

Un visage pour Denisova

Un foisonement d'espèces dont nous ignorons encore beaucoup de chose. Pour exemple, les analyses génétiques ont démontré l'existence de l'homme de Dénisova, mais aucun ossement suffisamment importants n'a été découvert pour pouvoir être comparé. Il est donc tout à fait envisageable de voir dans ce crâne un des représentants de cette espèce sans visage. De la même manière, la Terre était peut-être peuplée d'autres espèces cousine à l'humanité dont nous ignorons encore l'existence.

«Ce genre de crâne pose une réelle difficulté car il est particulièrement atypique,» conclut antoine Balzeau. «En le regardant, il me fait même penser au crâne de Broken Hill découvert en Afrique qui, lui, est attribué à Homo rhodesiensis (espèce qui a peuplé l'Afrique entre 700 000 et 300.000 ans, NDLR). Plus on découvre de restes humains, plus on se rend compte combien le genre Homo était buissonnant. Les espèces ont évolué différemment en Afrique, en Europe ou en Asie, on va donc retrouver des points communs entre elles. Il y a une tentation de facilité à voir dans Homo heidelbergensis une sorte de chaînon manquant de l'évolution, mais c'est pour moi illusoire de chercher un ancêtre commun. L'évolutions des differentes especes humaine n'a pas été linéaire.»

Un incroyable crâne vieux de 200.000 ans caché depuis 85 ans dans un puits en Chine

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31 commentaires
  • celadon

    le

    Si un extra terrestre arrivait sur terre c'est sur qu'il se poserait des questions sur la variabilité de l'humanité.

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