Nous l’appellerons M. Le jeune Erythréen qui témoigne préfère garder l’anonymat. Il s’est fait arrêter par la police de Termonde au cœur de l’été, alors qu’il se rendait à Bruxelles avec d’autres migrants, une étape dans leur chemin vers la Grande-Bretagne.
Il relate une séance de fouille au commissariat -vêtements, sac, sous-vêtements – au cours de laquelle les policiers mettent la main sur environ 1000 euros. Une somme qu’ils refuseront ensuite de lui rendre, selon ses dires. Une exaction qui le plongera dans le désespoir :
J’étais très triste, pratiquement en dépression. Parce que je n’avais plus assez d’argent pour acheter de la nourriture ou à boire. Je devenais fou, j’ai perdu espoir.
La femme qui l’héberge l’incite alors à porter plainte. Une procédure est en cours auprès du comité P (la police des polices).
Le racket, une violence policière parmi d’autres
M. n’est pas le seul migrant à rapporter ce type de faits. Une violence parmi d’autres dont se rendrait coupable la police auprès de cette population en situation de grande vulnérabilité.
C'est ce qui ressort d'un rapport établi par Médecins du Monde. Un rapport inédit, fruit d'un travail d’investigation de dix mois et qui révèle qu’un migrant interrogé sur quatre fait état de violences policières.
"Au bout du compte, si vous prenez les 600 à 700 migrants qui tournent autour du parc Maximilien, ça fait plus de 100 cas de violences policières. Ca veut dire que c’est un phénomène significatif", relève Pierre Verbeiren, le directeur de Médecins du Monde.
Il détaille: "C’est de la violence psychologique et de la violence physique : ce sont des coups, des coups de matraque, des coups de pieds, avec la main… Ce sont par exemple des fouilles qui ne sont pas nécessaires. C’est une mise à nu dans des conditions humiliantes. C’est la climatisation forcée dans une cellule pour que les personnes qui sont nues aient très froid pour obtenir d’elles qu’elles mettent leurs empreintes digitales. Ce sont des insultes racistes…"