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Société

En Seine-Saint-Denis, toujours plus de bébés sans-abri

Faute d'hébergement d'urgence, des mères en grande précarité sont jetées à la rue avec leur enfant à peine sorties de la maternité. Dans le département francilien, le phénomène accuse une hausse préoccupante.

Toujours plus de jeunes mères avec bébé sans-abri dans les rues de Seine-Saint-Denis. Au début du mois, l'association Interlogement 93, qui gère les appels au 115 dans le département francilien, a lancé un cri d'alarme quant à la hausse préoccupante du nombre de femmes avec enfant sans domicile fixe. Et pour cause: elles étaient 653 en 2017 contre seulement 197 trois ans auparavant, selon des chiffres du Monde.

Comment expliquer une telle hausse? Le porte-parole du 115 en Seine-Saint-Denis, Maxence Delaporte, avance une raison principale: "L'Etat a décidé de geler le nombre maximum de places de mise à l'abri à l'hôtel". Selon Le Parisien, ce chiffre est plafonné à 9151 nuitées de prise en charge chaque jour pour le département

Le 115 saturé

L'association "La Marmite" à Bondy reçoit ces mères en grande précarité. Elles y reçoivent conseils et nourriture pour leurs bébés. Rachel, 32 ans, est enceinte de quatre mois et déjà maman d'un petit garçon d'un an et demie. Depuis deux semaines, elle dort dans une église.

"Il faut se réveiller le matin très tôt pour libérer les lieux. Je suis très inquiète vous savez. On ne dort pas suffisamment, la tête n'est pas calme. Je suis enceinte et demain ou après-demain, l'église peut me demander de quitter les lieux", confie-t-elle sur notre antenne.

Si elle assure composer "régulièrement" le 115, elle regrette avoir beaucoup de mal à joindre un interlocuteur du Samu social, dépassé par le nombre d'appels. "Quand j'appelle le matin, après trois heures d'attente, ça coupe et il faut rappeler le soir", raconte-t-elle.

Un hiver redouté

Alors que la saison froide approche à grands pas, les associatifs de "La Marmite" sont particulièrement inquiets. "Il fait beau, mais l'hiver arrive. Quid du dispositif hivernal pour ces personnes?" s'interroge la directrice, Alice Gauny.

Pour éviter de finir à la rue, certaines mamans sont contraintes de s'éterniser dans les maternités, prolongeant leur séjour de plusieurs semaines au lieu de quelques jours. Au détriment de celles qui attendent pour pouvoir y entrer.

Claire Rodineau