Narendra Modi a “trahi” son pays, il doit “démissionner”. Voilà comment le Parti du Congrès, principale formation d’opposition en Inde, a réagi aux propos de François Hollande dans le dossier des Rafale, indique The Indian Express. Vendredi 21 septembre, l’ancien président français avait déclaré à Mediapart que la participation du groupe Reliance Defence au contrat des 36 avions de combat vendus à l’armée de l’air indienne avait été “proposée par le gouvernement Modi”, contrairement à ce que celui-ci prétend, et que la France n’avait “pas eu le choix”.

“Le Premier ministre en personne a négocié et modifié le marché à huis clos. Grâce à François Hollande, nous savons désormais qu’il a personnellement fourni un contrat de plusieurs milliards de dollars à Anil Ambani”, le milliardaire propriétaire de Reliance Defence, a déclaré sur twitter Rahul Gandhi, président du Parti du Congrès. Une allusion aux 4 milliards d’euros d’investissements que Dassault Aviation a concédé à l’Inde, en contrepartie du contrat de 8 milliards obtenu en 2016 pour les Rafale. Des investissements qui visent à permettre à des entreprises indiennes de se développer.

“La France n’a pas eu le choix”

L’avionneur français a ainsi déjà dépensé 100 millions d’euros pour construire une usine aéronautique à Nagpur, dans le centre de l’Inde, dans le cadre d’une joint-venture avec Reliance Defence. Bien d’autres sociétés privées bénéficieront du dispositif mais à l’origine, avant l’arrivée au pouvoir de Modi, c’est le groupe public Hindustan Aeronautics Limited (HAL) qui devait se marier avec Dassault Aviation pour aller jusqu’à assembler la plupart des Rafale en Inde. Le Parti du Congrès estime donc que HAL a été floué.

Samedi 22 septembre, la quasi totalité des journaux indiens anglophones abordaient le sujet à la Une. “La France n’a pas eu le choix”, titre The Indian Express. Pour le quotidien The Hindu, “l’Inde a joué un rôle en faveur d’Anil Ambani”, un homme d’affaires qui, comme son frère Mukesh Ambani, n’a jamais nié sa proximité avec Narendra Modi. “Les commentaires [de François Hollande] vont à l’encontre des affirmations répétées faites au plus haut niveau du gouvernement indien que c’est Dassault Aviation qui a choisi Reliance Defence comme partenaire”, souligne le journal de Madras.

Modi va devoir s’expliquer

“Les propos de Hollande lancent un nouveau bras de fer dans l’affaire des Rafale”, estime pour sa part The Hindustan Times, le ministère indien de la Défense comme les groupes Dassault Aviation et Reliance Defence démentant les affirmations de l’ancien chef de l’Etat français. New Delhi a néanmoins annoncé qu’une “vérification” allait être menée. Selon The Times of India, François Hollande a “déclenché de nouveaux échanges de tirs” entre l’Inde et la France et “la saga des Rafale prend une nouvelle tournure”.

Le premier ministre va devoir parler, juge enfin le site d’information Scroll : “Est-ce que Modi ou son gouvernement vont dire que Hollande a menti ? Et si oui, est-ce que le gouvernement indien fera davantage que publier un communiqué ?” L’exercice sera en tout état de cause difficile. “Si Modi ne dit pas clairement que Hollande ne dit pas la vérité, cela va remettre en cause son insistance à dire que l’Inde n’a rien eu à voir avec la décision de Dassault de s’allier à Reliance”, explique Scroll.