Manifestations : on trouve de tout dans les canons à eau

Incontournables sur les manifestations ces dernières années, les canons à eau ne regorgent pas que… d’eau.

 Un véhicule lanceur d’eau utilisé lors d’un entraînement de CRS aux techniques de maintien de l'ordre sur un terrain militaire au Camp des garrigues, près de Nîmes.
Un véhicule lanceur d’eau utilisé lors d’un entraînement de CRS aux techniques de maintien de l'ordre sur un terrain militaire au Camp des garrigues, près de Nîmes. LP/Yann Foreix

    Laissés au garage pendant longtemps, les engins lanceurs d'eau (ELE), couramment appelé « canons à eau », ont refait leur apparition, en France, depuis dix ans. Lorsque la manifestation dérape, ce sont eux que l'on retrouve en première ligne. « C'est vraiment efficace », témoigne un CRS major de la section des moyens spécialisés de Chassieu (Rhône).

    Ces canons pulvérisent différents liquides. De l'eau, bien sûr, mais aussi plus généralement des émulsifs. Soit le même liquide mousseux que celui employé par les pompiers, qui peut être coupé avec différents additifs, ajoutés directement dans la citerne.

    Le plus courant pourrait être un gaz lacrymogène, mais de récents problèmes techniques en ont limité l'usage. Le 1er mai, à Paris, c'est une mousse très spéciale qui a été utilisée. Le canon projetait ainsi « des protéines de viande macérées, mélange de sang séché et d'os broyés », à l'odeur pestilentielle. « Les manifestants ont été réellement surpris, commente un opérateur. Ils ne savaient pas de quoi il s'agissait. »

    À l’intérieur du cockpit d’un ELE, un policier est au volant du véhicule, un autre est aux commandes du canon. /LP/Yann Foreix
    À l’intérieur du cockpit d’un ELE, un policier est au volant du véhicule, un autre est aux commandes du canon. /LP/Yann Foreix LP/Yann Foreix

    À terme devraient également être mis en œuvre des PMC, des produits de marquages codés, comme l'indique une touche spécifique dans le « cockpit » des engins. Inodores et invisibles, ils peuvent rester jusqu'à trois semaines sur la peau, beaucoup plus sur les vêtements, et ainsi matérialiser la présence d'un individu dans une manifestation. « Il suffit d'un éclairage ultraviolet pour les mettre en évidence, décrypte un spécialiste. C'est possible y compris depuis un hélicoptère. »

    Alors qu'il avait été évoqué une possible expérimentation discrète le 1er mai, alors que les CRS faisaient face à plus d'un millier de Black Blocs, une analyse en laboratoire d'échantillons de liquides projetés, diligentée par le site Taranisnews, a montré qu'ils n'en contenaient pas. Pour cette fois.