Corruption internationale: "Les mafias se sont substituées aux banques" dénonce le juge Claise

INVITÉ: Michel Claise

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Par RTBF

La situation est alarmante, selon Michel Claise. Le juge d'instruction, spécialiste en matière financière, dresse un constat terrible de la criminalité financière. "On considère que l’argent de la corruption représente entre six et sept pour cent du PIB brut mondial, idem pour le blanchiment d’argent", expliquait ce samedi Michel Claise sur le plateau du JT de la Une.

Certaines infractions spécifiques font des ravages, à l'image du carrousel à la TVA en Europe, qui franchit le cap des 200 milliards d'euros par an. Rien de très nouveau, selon Michel Claise, même si au fil des années, l'ampleur de la fraude devient considérable.

En Italie, les mafias se sont substituées aux banques

Le juge d'instruction dénonce une absence de lutte contre un phénomène qui n'est, selon lui, pas seulement un problème de perte d'argent pour les Etats: "ce sont des atteintes véritables aux nations démocratiques, précise-t-il. Concrètement, cela veut dire que le pouvoir, le vrai pouvoir, n’appartient plus au monde politique, mais bien au monde de la finance." Et selon Michel Claise, la crise financière de 2008 a été une preuve que le monde de la finance lui-même a perdu le fil, et a été "pénétré dans son propre système par les organisations criminelles."

Pour le juge d'instruction, certains pays sont complètement gangrénés par la corruption, comme l'Italie, dont 50% de l'économie pourrait être dirigée par la Cosa Nostra, la Ndrangheta et les autres mafias. "Les banques refusant les prêts privés, ce sont les mafias qui se sont substituées aux banques, dénonce-t-il. L’OCDE estime à 35% le nombre de prêts privés consentis aux mafias par les Italiens, c’est gigantesque."

Nous avons des problèmes de recrutement de magistrats spécialisés

Michel Claise dit faire partie du "Club des Cassandres", c'est-à-dire des lanceurs d'alerte que personne ne prend vraiment au sérieux. "Nous sommes très peu nombreux, explique-t-il. Chaque année, nous le constatons, nous avons des problèmes de recrutement de magistrats spécialisés au parquet." Selon lui, la police seule ne sait pas gérer un dossier aussi complexe. Et même dans ces services, les effectifs sont trop faibles. "Il n’y a pas assez d’enquêteurs, et au contraire, il y a eu une tentative de démantèlement de l’office central de lutte contre la délinquance économique et financière organisée qui a fait très mal", regrette-t-il, en refusant toutefois de viser directement le gouvernement actuel.

Parmi les méthodes courantes d'arnaque, on trouve l'usage des cryptomonnaies, mais aussi des vins, raconte Michel Claise. "Cela peut paraître tout simple mais certaines bouteilles de vin sont vendues des milliers d’euros alors qu’il s’agit d’une bibine infâme", explique-t-il. Le juge d'instruction rappelle que les victimes ne sont pas toujours des personnes vulnérables, car, comme il le note avec un trait d'humour: "tant qu’il y aura des pigeons, il y aura des colombophiles, alors l’escroquerie n’est toujours pas en passe d’être éradiquée."

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