Griffonné en 30 secondes dans le métro parisien, ce dessin fait parler de lui…
Un midi, finalement pas comme les autres, dans le métro parisien… Un homme très nerveux, criant fort, fait la manche dans une rame. Un voyageur finit par lui donner une pièce pour tenter de le calmer. En cadeau, le SDF lui offre un dessin, griffonné en trente secondes, entre deux stations. Et quel dessin ! L’histoire commence à faire le « buzz » sur les réseaux sociaux.
Jeudi 20 septembre, 13 h 30, ligne 2 du métro parisien, direction Charles-de-Gaulle-Etoile. À la station Place de Clichy, un homme, jeune, entre dans la rame. Il est visiblement sans domicile fixe. Coincée sous son bras, une grande canette de bière. Il crie fort, parle tout seul, raconte à tout le monde qu’il va mettre fin à ses jours. Il fait la manche, interpelle les voyageurs. Très nerveux, il en veut apparemment aussi à une femme.
Erwan Deveze, un Dinardais travaillant à Paris, se trouve à un mètre de cet inconnu. Pour tenter de le calmer, il lui vient à l’idée de lui donner une pièce. L’homme la prend, puis se penche vers une pochette verte contenant du papier, tenant toujours des propos incohérents. Il en sort un morceau de feuille et se remet debout… « Je ne vois pas bien ce qu’il fait, raconte Erwan Deveze. Il griffonne quelque chose assez nerveusement. Cela ne dure que quelques secondes, une trentaine peut-être. »
Un couple qui danse
L’homme, semblant dans un état second, tend alors un papier à Erwan Deveze. C’est un dessin. Il lui raconte que c’est un couple qui danse. Le temps de la musique, ils sont amoureux. Mais quand elle s’arrêtera, ils se sépareront…
« Moi qui suis peintre, je suis épaté par un tel talent, poursuit Erwan Deveze. Dessiner si vite, dans une rame qui n’en finit pas de bouger… Je lui demande alors de me signer son œuvre. Il refuse. J’insiste, en lui disant que tout artiste signe toujours ses œuvres. Il est content. »
Erwan Deveze lui demande également de dater son dessin. Il lui répond que cela fait longtemps qu’il ne connaît plus les dates. « Je lui dis qu’on est le 20 septembre. J’ajoute aussi que je sais à qui je vais offrir son dessin et qu’elle en sera très touchée. »
L’homme s’est calmé, visiblement ému, les larmes aux yeux. Erwan Deveze veut lui redonner un peu d’argent, pour son dessin cette fois, mais l’homme disparaît. Rapidement.
« De l’humanité est revenue »
« Ce fut un joli moment de poésie surréaliste, reconnaît Erwan Deveze. Comme tous les voyageurs, j’ai eu peur que ça se passe mal au début, quand il s’énervait contre cette femme. Et puis de l’humanité est revenue. Cet artiste de la rue m’a fait un cadeau inestimable avec ce petit instant anodin, mais si précieux. Il m’a offert autant de bonheur que je lui en ai offert. »
Vendredi, Erwan Deveze a publié cette histoire sur le réseau social Linkedin. Elle a fait très vite le buzz, les internautes saluant « un peu de Picasso » dans le trait et l’extraordinaire richesse de la rencontre : « Cela fait ressentir à celui qui donne et à celui qui reçoit que nous sommes encore humains. »
L’histoire pourrait ne pas s’arrêter là. Erwan Deveze est bien décidé à retrouver l’artiste inconnu et à l’aider. Ce sera évidemment compliqué de le dénicher à Paris, peut-être du côté des stations Blanche et Place de Clichy. Le hasard, qui sait… Il a déjà si bien fait les choses.