Un paraplégique retrouve l’usage de ses jambes sous stimulation électrique

L’homme, âgé de 29 ans, avait endommagé sa moelle épinière à la suite d’un accident de motoneige.

 C’est la première fois qu’un homme totalement paralysé du bas du corps peut marcher sur un tapis roulant ou avec déambulateur avec ce processus, assure un des docteurs en charge de l’essai clinique.
C’est la première fois qu’un homme totalement paralysé du bas du corps peut marcher sur un tapis roulant ou avec déambulateur avec ce processus, assure un des docteurs en charge de l’essai clinique. LP/Philippe Lavieille

    Un jeune homme totalement paralysé des jambes a réussi à marcher aux États-Unis avec le seul appui des bras et d'un déambulateur, grâce à l'implant d'une électrode, selon une étude américaine publiée lundi par Nature Medicine.

    L'homme était devenu paraplégique après un accident en motoneige. Sa moelle épinière avait été endommagée au niveau du milieu du dos, et il ne pouvait plus ni bouger, ni sentir quoi que ce soit en-dessous de la lésion.

    Dans le cadre de cette étude commencée en 2016, trois ans après son accident, les chirurgiens de la clinique Mayo de Rochester, dans le Minnesota (nord des Etats-Unis), ont installé un implant porteur d'une électrode dans l'espace péridural en-dessous de la zone lésée de sa colonne vertébrale. Cette électrode reliée à un stimulateur implanté dans la région abdominale était connectée sans fil à une commande extérieure.

    Le jeune homme, âgé aujourd'hui de 29 ans, a ensuite suivi des sessions de stimulation électrique et d'exercices physiques combinés pendant 43 semaines. Au bout de deux semaines, il pouvait déjà se lever et faire des pas soutenus par un harnais, sous stimulation électrique.

    102 mètres parcourus

    Pendant 113 sessions d'entraînement réparties sur un an, les chercheurs de la clinique Mayo et de l'Université UCLA (Los Angeles) ont ajusté les exercices pour donner le maximum d'indépendance au patient.

    Le jeune paraplégique est ainsi parvenu à marcher sans harnais, avec l'appui fourni par le déambulateur ou en se tenant aux barres sur un tapis roulant, et même à trouver son équilibre sans regarder ses jambes dans un miroir.

    Au total, sur un an, il a réussi à parcourir 102 mètres, soit la longueur d'un terrain de football, précise l'étude dirigée par les docteurs Kristin Zhao et Kendall Lee.

    « C'est la première fois qu'on peut mettre en œuvre chez un homme totalement paralysé du bas du corps un processus de marche sur tapis roulant ou avec déambulateur », souligne le Dr Kristin Zhao.

    Dans de précédentes expérimentations, des volontaires paraplégiques avaient été capables de bouger volontairement les hanches, les chevilles ou les orteils, sous stimulation électrique. Ils n'avaient pas été capables de marcher, cependant.

    « L'étude montre qu'après implant et sous stimulation électrique, le patient a pu regagner le contrôle volontaire de ses jambes », a observé Kendall Lee lors d'une conférence de presse, tout en reconnaissant que « le mécanisme précis qui a rendu cela possible reste inconnu ».

    La vie quotidienne en chaise roulante

    « L'étude montre que le système nerveux central peut s'adapter après une blessure grave, et qu'avec des interventions comme la stimulation péridurale, on peut regagner un certain contrôle des fonctions motrices », ajoute le Dr Zhao.

    Toutefois, « il faut souligner qu'en dépit des succès obtenus pendant l'étude, le patient continue de mener sa vie quotidienne en chaise roulante », souligne-t-elle.

    En effet, dès que la stimulation électrique s'arrêtait, l'homme revenait à son état de paralysie initiale, et il n'a pas regagné de sensation corporelle.

    L'étude porte en outre sur un seul individu, et « il faut poursuivre la recherche dans ce domaine pour mieux comprendre qui peut bénéficier de ce type d'intervention », estime le Dr Zhao.

    Ce travail vient renforcer, avec d'autres expérimentations, l'idée que « des fonctions qu'on pensait définitivement perdues » pourraient être remises en marche grâce aux technologies nouvelles.