Le collectif d’aide aux migrants à Ouistreham (Normandie) a publié vendredi 21 septembre deux vidéos et plusieurs photos sur son compte Facebook montrant des migrants inconscients au sol, victimes de jets de gaz lacrymogène.
Le Collectif d’aide aux migrants à Ouistreham (Camo), en Normandie, a
publié, vendredi 21 septembre, sur sa page Facebook plusieurs photos et deux
vidéos relatant des "épisodes de gazages", comme les nomment les
bénévoles qui dénoncent les violences exercées par les policiers à l’encontre
des migrants.
Sur les photos, on peut voir trois jeunes migrants
allongés par terre, visiblement sonnés, se tenant le visage. L’un d’eux a les
yeux rouges.
La première vidéo montre un homme inerte traîné au sol par
un gendarme. Quelques secondes plus tard, trois autres membres des forces de
l’ordre viennent lui prêter main forte pour éloigner le migrant de la route et
le déposer de l’autre côté des barrières. Quand les policiers le relâchent,
l’homme s’écroule par terre.
Dans la deuxième vidéo, on aperçoit plusieurs gendarmes
avec des bombes lacrymogènes dans les mains. Les migrants, autour d’un homme à
terre, demandent l’assistance d’un médecin. "Il a rien, vous savez très
bien qu’il a rien", leur dit une voix féminine. Le migrant reste pourtant
au sol.
Ces séquences ont été tournées par des migrants mercredi
19 et jeudi 20 septembre en fin d’après-midi aux abords du port de Ouistreham,
selon le Camo qui est arrivé sur place quelques minutes après le départ des
forces de l’ordre. "Plusieurs migrants ont été gazés par les gendarmes.
L’un d’eux a également été frappé au visage", explique à InfoMigrants
Miguel, l’un des membres du Camo. Deux jeunes, dont un de 14 ans, ont ensuite
perdu connaissance pendant de longues minutes, "presque une heure pour
l’un d’entre eux", assure Miguel.
Entre 150 et 200 migrants à Ouistreham
Entre 150 et 200 migrants vivent à Ouistreham, dans
l’attente de pouvoir rejoindre clandestinement l’Angleterre. Ils errent aux
abords de la place Charles de Gaulle, à quelques mètres du port, essayant de
grimper à l’arrière des camions de marchandises qui font route vers l’île
britannique.
Les migrants blessés ont finalement repris leurs esprits
peu avant l’arrivée des pompiers, appelés par les militants. "Les
gendarmes sont partis en laissant deux hommes au sol, sans se préoccuper de
leur état de santé", ajoute Miguel. "C’est scandaleux !"
La préfecture du Calvados confirme de son côté l’usage de
gaz lacrymogène. "Il s’agissait là d’une réponse proportionnée et
nécessaire aux agissements des personnes directement concernées",
soutient la sous-préfète Camille Goyet, au quotidien régional Ouest France.
Ce n’est pas la première fois que le collectif accuse les
forces de l’ordre d’user de la violence envers les migrants de Ouistreham. L’an
dernier déjà,
le collectif dénonçait le harcèlement policier qui se
matérialisait notamment par le réveil des migrants à 4h du matin pour les
déloger et la confiscation de leurs sacs de couchage.
"On
venait de vivre une longue période de calme sur Ouistreham sans incident
notable. Il semblerait que ce soit bien fini et que les violences injustifiées
aient reprises", s’inquiètent les militants du Camo.
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Infos pratiques
Plusieurs associations effectuent des distributions de nourriture tous les soirs à partir de 18h à Ouistreham, à l'entrée du chemin de Halage (proche du port).
Le samedi matin à 11h, les bénévoles distribuent également des vêtements, au même endroit que les distributions de nourriture.