Le portrait d'Hitler trônait chez l'ex-policier municipal qui a poignardé deux personnes

Un certain engouement pour le 3e Reich est apparu au procès d'un Varois de 40 ans, condamné pour violences aggravées sur fond de menaces racistes. Mais à la barre, il ne s'est pas présenté.

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So. B. Publié le 25/09/2018 à 07:10, mis à jour le 25/09/2018 à 10:22
Illustration justice. Photo AFP

"Quelqu'un qui minimise et n'assume pas." Voilà le portrait en creux, dressé vendredi dernier, d'un Hyérois de 40 ans. Romuald Y. n'a pas comparu à l'audience du tribunal correctionnel de Toulon, mais a quand même été jugé en présence de son avocat.

Pour les coups de couteau qu'il a donnés le 9 mai 2015 dans un bar de La Crau, cet homme a priori sans histoire a écopé de quatre ans de prison dont un avec sursis.

Mais "la couleur" de ce dossier va bien au-delà, vu la teneur des menaces racistes proférées… Et l'attirail nazi trouvé à son domicile.

"Arabe, t'es mort"

Le premier acte des violences est commis à l'encontre d'un client du bar, "de type maghrébin", attablé en terrasse. Romuald Y. vient lui-même de boire "deux pressions" au comptoir, lorsqu'il sort un poignard et plaque la lame sur le cou de cet homme. "Arabe, t'es mort. Je suis Français. Vive la France, à mort les Arabes." La victime réussit à le repousser, s'entaille la main et l'avant-bras. Et s'enfuit.

"Comme un rasoir"

C'est alors que le serveur essaie d'intervenir et prend le coup le plus grave. "Je n'ai rien senti, c'était comme une lame de rasoir", témoigne ce dernier devant les juges.

Par-dessus sa chemise, il dessine un arc de cercle, "du ventre au thorax", une blessure de 26 cm "aux bords déchiquetés", dont les séquelles physiques sont toujours là. L'agression lui a fait perdre son emploi. "Les clients ont déserté le bar qui a été vendu", dira son avocate.

"On se plaint que les gens n'interviennent plus dans notre société. On a ici un héros", a loué la procureure.

La grande surprise vient de la perquisition au domicile du suspect, qui dévoile "un engouement pour la période nazie", détaille la présidente.

"Un but décoratif"

Les gendarmes découvrent "un portrait encadré d'Adolf Hitler, un de Rommel", Mein Kampf ainsi qu'un livre sur les Waffen SS, "des insignes militaires, un marque-page orné d'une croix gammée, des chants nazis…"

Pendant les mois d'enquête, l'intéressé s'est justifié, décrivant "un but décoratif, qui ne fait pas référence à une idéologie. Je fais des recherches sur les troupes d'élite allemande", a-t-il asséné.

"Un peu raciste"

L'enquête a établi que cet intérêt a débuté lorsque Romuald Y. s'est engagé dans une police municipale des environs, où "un collègue lui a fait partager son goût pour cette période". Sur son casier fleurit un autocollant des Waffen SS. "Je pense qu'il était un peu raciste", dira de lui un ancien collègue.

Au moment des faits, Romuald Y. était agent municipal à La Crau - mais pas en service. Le 12 mai 2015, le maire avait déclaré dans les colonnes de Var-matin que son contrat ne serait pas reconduit.

"Être exemplaire"


"Un agent de surveillance de la voie publique se doit d'être exemplaire et d'avoir un comportement digne, tance la procureure. Cet homme a proféré des insultes d'un racisme incroyable. On peut se poser la question du lien avec ce qu'il y a chez lui. C'est quelque chose de très ancré."

Face à une audience déplorable pour le prévenu, qui avait choisi de ne pas venir, la défense s'est employée à remonter la pente.

"Ivresse extrême"

L'alcool a joué un rôle déclencheur ; le taux d'alcoolémie au moment des faits a été établi à 2,8 gr par litre de sang - "une ivresse extrême" - conjugué à des médicaments. "Il a un trou noir, il ne se souvient d'aucun détail", retranscrit Me Olivier Leroy.

Pour justifier son absence à la barre, il parle d'un "homme brisé", "qui se sent honteux depuis ce soir de mai 2015 et qui a peur d'affronter la situation."

Reste l'attirail nazi chez lui. "Il a été influencé", "il n'y a pas d'appel à la haine", croit-il. Ses propos auraient relevé "malheureusement d'une forme de racisme de comptoir".

Vu les faits et le contexte, ce fut loin de suffire. Trois ans ferme ont été infligés, conformément aux réquisitions.

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Nice-Matin

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