La dernière BD de Bastien Vivès taxée de pédopornographie

« Petit Paul », dernier opus du brillant dessinateur, fait l’objet d’une pétition qui demande son retrait du marché. Motif : le petit héros est croqué dans des scènes de sexe souvent contraintes avec des adultes.

 La publication de la BD de Bastien Vivès « Petit Paul » fait partie du lancement d’une nouvelle collection baptisée « Pop’Porn » chez Glénat.
La publication de la BD de Bastien Vivès « Petit Paul » fait partie du lancement d’une nouvelle collection baptisée « Pop’Porn » chez Glénat. DR/Editions Glénat

    C'était le joli coup de Glénat cette rentrée : le lancement d'une nouvelle collection « Porn'Pop » dirigée par Céline Tran, ex-hardeuse, alors connue sous le pseudo de Katsuni. « Notre envie, c'est de sortir du côté purement masturbatoire, d'aborder la sexualité sous tous les angles, sans tabous. En apportant aussi un peu d'humour », nous résumait cette dernière à l'orée du lancement de ses premiers bébés…

    Patatras : cinq jours après la sortie de « Petit Paul », mercredi dernier, l'un des deux premiers opus, signé par le très brillant et très côté Bastien Vivès, 34 ans, la polémique bat son plein. Présenté dans la préface comme un « clin d'œil parodique » des aventures de Martine et « un pied de nez à l'ordre moral », suite d'une BD toute aussi chaude (« Les melons de la colère ») mais parue chez un petit éditeur, l'album raconte les mésaventures d'un petit garçon d'une dizaine d'années doté d'un sexe énorme et quasi incontrôlable.

    Problème : pour certains, les petites histoires X de cette BD pour adultes sont assimilables à de la « pédopornographie ». Près de 2000 personnes avaient signé lundi une pétition mise en circulation vendredi pour que Glénat retire son ouvrage du marché. « D'après l'article 227-23 du code pénal les représentations à caractère pornographiques de mineurs (y compris les dessins) sont interdites en France depuis 1998 », rappelle la pétition.

    Décomplexée

    Devant le tumulte, deux grands distributeurs de biens culturels, le libraire Gibert Joseph et la chaîne Cultura ont décidé de retirer le livre de leurs magasins ce lundi.

    Il faut dire que les scènes de l'ouvrage sont crues, très crues, montrant le gamin, le plus souvent à son corps défendant, dans des rapports sexuels avec des adultes. En question notamment, celle qui se passe à l'école, où l'institutrice de Paul lui impose un cunnilingus en lui demandant de réciter sa poésie dans les toilettes de l'établissement…

    Tout en reconnaissant que la scène est un « peu limite », Bastien Vivès, jeune papa joint lundi au téléphone, réfute ces attaques. « C'est une BD qui parle de cul de manière décomplexée. C'est clairement pour adultes et c'est sous scellé. On est plus dans le fantasme que dans la réalité. Et quand je parle de mes fantasmes, je parle bien sûr d'être dans la même situation que Petit Paul… Mon truc à moi c'est plutôt les gros seins, pas les enfants… Ce bouquin, c'est comme une grosse blague, pour faire rigoler les gens. Certainement pas une apologie de la pédophilie. »

    « La plupart de ceux qui en parlent n'ont pas lu la BD »

    Si l'auteur de « Polina » se dit « surpris de l'ampleur de la réaction », cela ne l'affole pas. « Cette bronca raconte pas mal de choses sur notre société. Je connais bien les réseaux sociaux… La plupart de ceux qui en parlent n'ont pas lu la BD. Et puis après tout, c'est bien aussi qu'une œuvre puisse susciter le débat ! »

    L'éditeur Glénat a lui aussi choisi d'assumer. « Aussi obscène et provocatrice qu'on puisse la considérer, cette œuvre de fiction n'a jamais pour vocation de dédramatiser, favoriser ou légitimer l'abus de mineurs de quelque manière que ce soit, précise le communiqué mis en ligne sur Twitter. Il s'agit d'une caricature dont le dessin, volontairement grotesque et outrancier dans ses proportions, ne laisse planer aucun doute quant à la nature totalement irréaliste du personnage. »

    Au lecteur, sans doute, de se faire une idée.