INSECURITEPourquoi un quart des femmes ont-elles déjà renoncé à sortir de chez elles?

Sentiment d’insécurité: Un quart des femmes ont déjà renoncé à sortir de chez elles

INSECURITESelon une étude publiée ce mardi par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 26 % des femmes ont déjà renoncé à sortir de chez elles pour des raisons de sécurité…
44% des personnes se sentant en insécurité dans leur quartier ont déjà renoncé à sortir de chez eux.
44% des personnes se sentant en insécurité dans leur quartier ont déjà renoncé à sortir de chez eux.  - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Pour des raisons de sécurité, 26 % des femmes renoncent à sortir de chez elles, contre 6% des hommes.
  • Ce décalage est lié au fait que non seulement les femmes sont plus exposées dans l’espace public à certaines atteintes mais également par le fait qu’elles ont tendance à ressentir de manière plus importante cette insécurité.
  • Le lieu de vie a un impact non négligeable sur ce comportement dit « d’évitement ».

C’est un chiffre concret qui transforme le sentiment d’insécurité en réalité palpable. Un quart des femmes ont déjà renoncé à sortir de chez elles pour des raisons de sécurité. C’est vingt points de plus que chez les hommes, révèle ce mardi l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Dans l’immense majorité des cas, cette décision de rester chez soi a lieu le soir, mais elles sont 5 % à s’y résoudre « la plupart du temps, y compris dans la journée », note l’étude.

Si ces derniers mois ont permis de mettre l’accent sur les violences physiques et verbales subies par les femmes notamment dans l’espace public, les chiffres de l’étude mettent en lumière un phénomène stable. « Depuis 2007, nous observons, dans chaque enquête de victimation, ce renoncement à sortir, dans des proportions similaires, aussi bien chez les hommes que les femmes », assure Hugo d’Arbois de Jubainville, chargé de mission au sein de l’observatoire. Un décalage lié, selon le chercheur, au fait que non seulement les femmes sont plus exposées à certaines atteintes dans l’espace public mais également par le fait qu’elles ont tendance à ressentir de manière plus importante cette insécurité.

Des différences territoriales

Derrière ces chiffres, la réalité reste néanmoins très variée. Car les 26 % avancées par l’étude est un chiffre global. Il englobe notamment les 8 % de femmes à avoir répondu « très rarement » à la question « Dans la vie courante, vous arrive-t-il de renoncer à sortir seul(e) de chez vous pour des raisons de sécurité ? ». Elles sont 10 % à avoir répondu « souvent » à cette question et 12 % « parfois ».

Ce renoncement touche avant tout les grandes villes et leurs banlieues, note Hugo d’Arbois de Jubainville. Ainsi, dans l’agglomération parisienne, 20 % des individus interrogés – hommes et femmes confondus - ont déjà renoncé à sortir pour des raisons de sécurité, soit trois points de plus que la moyenne nationale. Le lieu de vie a un impact non négligeable sur ce comportement dit « d’évitement » : les personnes déclarant ne pas se sentir en sécurité dans leur quartier, en raison de problèmes de drogue, de consommation excessive d’alcool ou de groupes jugés inquiétants aux abords de leur domicile, sont quatre fois plus nombreuses à indiquer avoir déjà renoncé à sortir de chez eux : 44 % contre 10 % pour les personnes se sentant en sécurité dans leur quartier.

La mise en place de la police de sécurité du quotidien, lancée en grande pompe par le ministre de l’Intérieur, pourra-t-elle faire fléchir cette tendance ? C’est en tout cas l’une des principales missions de ce dispositif.

Vous aussi, vous ne sortez pas de chez pour des raisons de sécurité​​. Racontez pourquoi ? Ou comment vous avez vaincu cette peur ? Vous pouvez témoigner dans les commentaires ci-dessous ou via contribution@20minutes.fr.



Sujets liés