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Une ex-modératrice traumatisée poursuit Facebook en justice

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Une ancienne modératrice de contenus Facebook poursuit le réseau social et dénonce une mauvaise prise en charge des "nettoyeurs du web" qui souffrent parfois de stress post-traumatique.

Modérateur, pire métier du monde? Selena Scola, ancienne modératrice de contenus Facebook, poursuit le réseau social en justice via une procédure de recours collectif, révèle Reuters ce lundi. Pendant neuf mois, elle a travaillé pour le géant, embauchée par une entreprise tierce, entre juin 2017 et mai 2018. Elle dénonce une mauvaise prise en charge de Facebook pour protéger les "nettoyeurs" qui souffrent parfois de stress post-traumatique (PTSD).

"Facebook ignore son devoir de fournir un espace de travail sûr et se repose plutôt sur une succession de travailleurs indépendants qui sont irrémédiablement traumatisés par ce qu'ils ont vu au travail ", a déclaré lundi Korey Nelson, avocat de Selena Scola. 

Viols, torture, décapitations, suicides...

Plus de 7500 modérateurs travaillent pour Facebook, fréquenté chaque jour par 1,4 milliard d'utilisateurs. Ils sont "bombardés" de "milliers de vidéos, d'images et d'émissions en direct d'abus sexuels sur des enfants, de viols, de torture, de bestialité, de décapitations, de suicide et de meurtre", indique le document judiciaire.

"Nous prenons très au sérieux le soutien de nos modérateurs de contenu... en veillant à ce que chaque personne bénéficie d'une aide psychologique et de ressources de mieux-être", assure Roberta Thomson, directrice des communications d'entreprise.

2 à 6 dollars de l'heure

Les critiques sur les conditions de travail de ces "nettoyeurs" du web, majoritairement Philippins, sont nombreuses. En 2014, Wired publie "Les ouvriers qui gardent les photos de pénis et de décapitations hors de votre fil d'actualité Facebook" qui met le feu aux poudres.

Deux ans plus tard, Moritz Riesewieck, un metteur en scène allemand, présente son enquête sur le sujet à la conférence Re:publica. Selon lui, les salaires de ces employés vont de 2 à 6 dollars de l'heure. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, le salaire minimum fédéral est de 7,25 dollars. 

Fin août, un reportage de Hans Block et ce même Moritz Riesewieck diffusé sur Arte, achève de révéler le quotidien de ces travailleurs de l'ombre. Le duo filme les "abeilles ouvrières du Web" et montre, à hauteur d'homme, l'envers du décor. Facebook a reconnu auprès d'Engadget que "ce travail peut-être difficile". Mais pour l'instant, l'intelligence artificielle ne permet pas de filtrer 100% des contenus jugés contraires aux politiques des réseaux sociaux. 

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech