Art & science

L’énigmatique « Jeune Fille à la perle » disséquée par la science

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Publié le , mis à jour le
La jeune fille peinte par Vermeer en 1665 va-t-elle bientôt livrer tous ses secrets ? C’est en tout cas l’ambition d’une étude menée par des experts aux Pays-Bas passant à la loupe le célèbre tableau du maître hollandais.
</em>Recherches autour de<em> La Jeune Fille à la perle</em> au Mauritshuis
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Recherches autour de La Jeune Fille à la perle au Mauritshuis

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© Martijn Beekman

Cet hiver, pendant deux semaines, 24h/24, le célèbre tableau conservé au musée Mauritshuis de La Haye, aux Pays-Bas, a été examiné sous toutes les coutures par une équipe de scientifiques et d’historiens de l’art. Baptisé « The Girl in the Spotlight », le projet a été mené par l’Institut des Pays-Bas pour la conservation, l’art et les sciences (NICAS), en partenariat avec le Mauritshuis, le Rijksmuseum d’Amsterdam, la National Gallery of Art de Washington, l’Université de Technologie de Delft et l’Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas. Mais pas question de cacher le chef-d’œuvre au public ! Un atelier en verre doté d’équipements hautement spécialisés a été installé au cœur du Mauritshuis pour permettre aux chercheurs de faire leur travail, tout en permettant aux visiteurs d’apercevoir la toile du peintre flamand.

Johannes Vermeer, La Jeune Fille à la perle
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Johannes Vermeer, La Jeune Fille à la perle, vers 1665

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Huile sur toile • 44,5 × 39 cm • Coll. & © Mauritshuis, La Haye

L’objectif de ces investigations ? En apprendre plus sur les techniques et sur les matériaux utilisés par Vermeer pour peindre ce tableau. « Savoir comment la Jeune Fille à la perle est venue au monde », résume Abbie Vandivere, conservatrice au Mauritshuis et coordinatrice du projet. « On ne sait pas si Vermeer a peint des sous-couches, ou s’il a utilisé des produits venus de loin ou du sud de l’Europe », a expliqué la directrice du musée, Emilie Gordenker, avant le début des travaux.

Pourtant, la jeune fille de Vermeer est déjà passée entre les mains des scientifiques. En 1994, lors d’une restauration de l’œuvre, le tableau avait été radiographié et photographié aux ultraviolets. Les chercheurs avaient alors découvert que la seconde tâche de lumière située sur la boucle d’oreille de la jeune fille, qui faisait l’objet de folles théories depuis des décennies, était en réalité un simple éclat de peinture qui s’était détaché, retourné puis avait été remis en place.

Abbie Vandivere, conservatrice au Mauritshuis et coordinatrice du projet « The Girl In The Spotlight »
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Abbie Vandivere, conservatrice au Mauritshuis et coordinatrice du projet « The Girl In The Spotlight »

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© Mauritshuis, La Haye

Vingt-quatre ans plus tard, la science a fait des bonds de géant et les chercheurs ont décidé de mobiliser les dernières avancées technologiques pour étudier le tableau. C’est un véritable arsenal, d’habitude plus utilisé par les médecins que par les historiens de l’art, qui a été installé dans le musée. Rayons X fluorescents, microscopie digitale, appareil de tomographie par cohérence optique ou encore spectroscropie de réfléctance… ces techniques non invasives vont récolter une foule de données, en analysant les pigments, les huiles, la toile pour permettre de voir les différentes superpositions de peinture, sans que le moindre fragment du tableau ne soit prélevé !

Révélations par petites touches

À l’issue de ces analyses, les chercheurs espèrent savoir quelles ont été les différentes étapes de la naissance du tableau. « On devrait pouvoir utiliser les terabytes de données recueillies pour créer des visuels du tableau en haute définition. On peut même imaginer un système qui fonctionne comme Google Earth, où l’on clique, en zoomant et dézoomant, pour voir les différents éléments présents dans les couches de peinture », s’est enthousiasmé Joris Dik, de l’Université de Delft, dans le New York Times.

S’il va encore falloir attendre pour que les résultats des investigations soient décortiqués, analysés puis rendus public, quelques informations précieuses ont déjà été révélées. Dans son blog créé pour faire le compte-rendu de l’expérience, Abbie Vandivere explique par exemple que les chercheurs ont découvert que le blanc de plomb, l’un des pigments utilisés par Vermeer, provient du nord de l’Europe.

</em>Recherches autour de <em>La Jeune Fille à la perle</em> au Mauritshuis
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Recherches autour de La Jeune Fille à la perle au Mauritshuis

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© Martijn Beekman

L’examen au microscope électronique à balayage de l’arrière-plan qui, par sa noirceur, contraste et met en valeur la jeune fille, a permis d’apprendre que le peintre l’avait réalisé en plusieurs couches. D’abord une couche de noir, que les chercheurs pensaient produite à base d’os. Mais ils ont découvert qu’elle contenait aussi du noir obtenu à partir de charbon ! Quid des effets de transparence exploités par l’artiste ?  Vermeer a apposé un vernis vert, une couche de peinture translucide composée d’indigo et de jaune. De petites révélations qui ne sont certainement qu’une mise en bouche… À suivre du coin de l’œil !

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Mauritshuis

Retrouvez dans l’Encyclo : Johannes Vermeer

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