Dominique Alzeari à la tête du parquet de Toulouse : «La lutte contre l'argent sale doit être permanente car le crime ne paie pas»

  • Dominique Alzeari a officiellement pris ses fonctions hier matin au palais de justice mais ils travaillent à la tête du parquet de Toulouse depuis la mi-août.
    Dominique Alzeari a officiellement pris ses fonctions hier matin au palais de justice mais ils travaillent à la tête du parquet de Toulouse depuis la mi-août. Photo DDM, Thierry Bordas.
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Recueillis par Géraldine Jammet, Frédéric Abela et Jean Cohadon

Dominique Alzeari a pris officiellement ses fonctions de patron du parquet près du TGI de Toulouse hier lors d'une audience solennelle. Il a annoncé ses priorités.

Dominique Alzeari, 59 ans, d'origine niçoise, poursuit sa carrière de procureur à la tête du parquet de Toulouse. Il succède à Pierre-Yves Couilleau dont il a vanté hier les mérites et le bilan. Ce magistrat a effectué toute sa carrière au parquet, de Montpellier à Mulhouse, son dernier poste, en passant par Pau, Perpignan ou Bastia. Après son installation, il a rencontré les médias.

En juin dernier, la préfecture de Haute-Garonne a saisi la justice dans ce qui pourrait constituer une «incitation à la haine» après les prêches de l'imam de la mosquée d'Empalot, Mohamed Tataï. Envisagez-vous des poursuites ?

Ce dossier a été repris depuis le début. Il a fallu tout déconstruire et analyser car les propos en questions datent du mois de décembre et l'affaire n'est pas simple juridiquement. À ce jour, seule une association d'étudiants juifs a déposé plainte. Ce dossier est en cours de traitement et je prendrai une décision très prochainement.

Quelles seront les priorités du parquet ?

Déjà la lutte contre les violences physiques, les violences faites aux femmes, les violences sexistes et le harcèlement de rue. À Toulouse, nous avons quasiment une affaire de viol par jour ! Cela ne peut pas continuer… La lutte contre les trafics et les réseaux criminels organisés va se traduire par une intensification de la saisie des avoirs criminels. Le but des trafiquants, c'est un enrichissement personnel outrancier. Or, ce volet patrimonial doit devenir systématique dans nos dossiers : c'est une culture à adopter. La lutte contre l'argent sale doit être permanente car le crime ne paie pas !

Quelles réponses pénales apporter aux auteurs des violences faites aux femmes ?

La situation des femmes à Toulouse est un vrai scandale. Police et gendarmerie procèdent déjà à de nombreuses interpellations mais cela va s'amplifier. Muscler le protocole de prise en charge des violences conjugales me paraît indispensable. L'obligation à participer à des stages de sensibilisation, ce n'est pas du pipeau ! Mais après, on fait quoi ? Les gens ne changent pas en deux ou trois jours… Un vrai travail d'introspection est nécessaire. Après vingt entretiens en 6 mois, on ne peut plus mentir. D'où l'importance d'une prise en charge dans la durée. Et il en va de même pour les violences sexistes ou le harcèlement de rue : si aujourd'hui, il ne fait pas bon d'être une femme à Toulouse, cela va changer.

Et s'agissant de la prise en charge des victimes ?

Il est toujours bon de rappeler que 80 % des victimes de violences conjugales ne déposent pas plainte et 10 % de celles qui le font la retirent le jour de l'audience. Le recueil de leur parole est donc primordial. Comme pour les auteurs, on a besoin d'une prise en charge dans la durée en multipliant notamment les partenaires associatifs à l'instar de l'aide aux victimes. Les violences conjugales constituent une vraie priorité !

Un mot sur la lutte contre la radicalisation ?

C'est bien sûr une vraie préoccupation à Toulouse. Il existe plusieurs niveaux de vigilance. Nous allons porte r nos efforts dans la prévention sur les mineurs parce que tous les spécialistes s'accordent pour dire que l'on peut encore intervenir chez les jeunes enfants mais également sur les femmes, de plus en plus nombreuses et souvent très déterminées. Sur ce sujet également, la prévention à travers des stages, des accompagnements peut être utile.

Avez-vous les moyens de votre action ?

Pour la première fois depuis longtemps, nous sommes à effectif complet avec 24 magistrats au parquet. C'est une bonne chose. Est-ce suffisant par rapport à notre charge de travail et la multiplicité de nos missions ? Sans doute pas. Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, je partage l'avis de Pierre-Yves Couilleau, mon prédécesseur.

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