NUTRITION - Maladies chroniques, impacts environnementaux, détresse du monde agricole... Le constat que dressent des députés dans un rapport sur l'alimentation industrielle, rendu public ce mercredi 26 septembre, est alarmant. Réunis en commission d'enquête, les élus ont procédé à 40 auditions en six mois pour établir une série de propositions pour en finir avec la malbouffe.
Industriels, distributeurs, groupes de restauration collective, membres de l'administration, associations de malades, ONG et ministres ont été interrogés par cette commission d'enquête, présidée par Loïc Prud'homme, député La France Insoumise (LFI).
Aujourd'hui quelque "40.000 personnes déclarent un cancer lié à leur mode d'alimentation" chaque année, a souligné Loïc Prud'homme mercredi lors d'une conférence de presse. "Nous sommes les cobayes des essais cliniques de cette production alimentaire industrielle de basse qualité", a-t-il estimé.
"Interdire la publicité alimentaire aux enfants"
L'un des axes développés par les députés concerne le renforcement de "l'éducation à l'alimentation". Les élus préconisent de rendre cet enseignement obligatoire, dès trois ans, au plus tard dans l'année scolaire 2019-2020, à raison "d'une heure par semaine de la maternelle au collège". Le repas de midi dans les cantines scolaires devra faire partie du programme d'enseignement en faveur d'une "alimentation saine, équilibrée et durable et de la lutte contre le gaspillage alimentaire", indique le rapport.
Pour protéger les plus jeunes, il est par ailleurs "impératif d'interdire la publicité alimentaire qui s'adresse aux enfants sur tous les types d'écrans", selon le député de La France Insoumise.
En outre, les cuisiniers de la restauration collective devront être mieux formés afin d'"améliorer la qualité des repas servis en milieu hospitalier" et de "lutter contre la dénutrition des personnes âgées en Ehpad", dit le rapport. Alors que les personnes aux moyens modestes sont les plus consommatrices d'aliments industriels qui les exposent aux maladies chroniques, des coupons pourraient être délivrés par les Caisses d'allocations familiales (Caf) pour leur permettre de consommer plus de fruits et légumes frais.
Limiter le nombre d'additifs dans les plats cuisinés
Au vu de l'"échec avéré depuis 30 ans" des mesures d'engagement volontaire "des industriels de l'agroalimentaire, mais aussi de la grande distribution" a déclaré Loïc Prud'homme, les députés préconisent par ailleurs de limiter par voie réglementaire la teneur en sel, en sucres et en acides gras des aliments transformés et de rendre les étiquettes plus transparentes.
Ainsi le pain, une "production 100% française sur laquelle on peut agir" et qui fournit "30% des apports quotidiens en sel" souligne Michèle Crouzet, rapporteur de la commission et députée LREM, ne devra pas excéder 18 grammes de sel par kilo de farine, et atteindre 16 grammes dans trois ans. "Quand on prend l'habitude de manger trop salé, trop sucré, trop gras, des addictions se forment (...) il faut réapprendre à manger", a-t-elle estimé.
Le rapport préconise également de ramener à 48 le nombre des additifs utilisés dans les plats cuisinés notamment, contre 338 autorisés au total, d'ici à 2025, comme c'est déjà le cas dans l'alimentation bio. "Il va falloir qu'on détermine quels sont les additifs de complaisance, qui ne servent pas à grand-chose", a affirmé le rapporteur.
"En 2030, on estime qu'il y aura au moins 30 millions de personnes obèses ou en surpoids en France: c'est un problème de santé publique" source de maladies chroniques comme les troubles cardio-vasculaires, déclare à l'AFP Michèle Crouzet. "Il n'est pas trop tard pour ne pas en arriver là et sauvegarder une alimentation saine et durable", juge-t-elle.
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