CULTURE - La poésie est souvent considérée comme un calvaire par les élèves, d'autant plus au collège. Afin de changer cette image désuète, un professeur a tenté un exercice moderne pour intéresser ses élèves à ce genre littéraire.
Rapper sur du Victor Hugo, c'est possible. Robert Delord, professeur de français au collège, a imaginé une technique basée sur la musique et le rap pour faire découvrir la poésie à ses élèves de troisième sous un nouveau jour. Dans un tweet posté ce lundi 24 septembre, il explique son stratagème pour faire découvrir le texte "Bêtise de la guerre" de Victor Hugo à ses collégiens.
De 1872 au rap d'aujourd'hui, il n'y a qu'un pas. Robert Delord explique sa démarche: "A la base, c'est juste un prof en recherche de petits trucs pour motiver ses élèves", confie-t-il sobrement au HuffPost.
Professeur certifié de lettres classiques au collège Daniel Faucher à Loriol-sur-Drôme, Robert Delord a tout simplement cherché un moyen de parler littérature engagée avec ses étudiants en se servant de leurs codes: "Je suis arrivé en cours et j'ai distribué à chacun un texte avec 'Bêtise de la guerre' écrit en style graffiti. Je leur ai expliqué qu'il s'agissait du texte d'un rappeur: 'Je n'ai plus son nom, mais j'ai l'instru qui va avec'".
Le professeur leur propose d'essayer de lire le texte sur l'instru, à l'instar d'un rappeur, "c'était quitte ou double" repense-t-il. A sa grande surprise et de façon spontanée une dizaine de mains se lèvent pour relever le défi.
Après que quatre ou cinq élèves se sont essayés à l'exercice, il révèle la supercherie: "Mon but n'était pas du tout de les piéger. Je voulais leur montrer que ce n'était pas un morceau de rap, mais que ça aurait très bien pu l'être. Alors j'ai simplement inscrit '1872' au tableau", raconte Robert Delord.
Quelques sourires se dessinent alors sur le visage de ses élèves qui commencent à comprendre, "ça voulait clairement dire: 'on s'est fait avoir'", se remémore le professeur de français. 1872, étant évidemment la date de parution du poème de Victor Hugo.
Ses élèves en redemandent
Travaillant actuellement avec ses élèves sur un chapitre du programme scolaire dédié à la littérature engagée, il leur fait étudier, entre autres, "Les fourmis" de Boris Vian, "Matin Brun" de Franck Pavloff, et deux chansons de Boris Vian: "Le déserteur" et "La java des bombes atomiques".
"Il s'agissait d'une suite logique de leur montrer ce texte de Victor Hugo. Sur le moment je leur ai dit: 'vu que je vous ai fait écouter des musiques des années 50, aujourd'hui on va travailler sur du rap'. Et ça a fonctionné".
La preuve? Ils en redemandent. Son exercice a si bien fonctionné que ce sont ses élèves qui ont demandé d'en refaire, comme l'explique le professeur de 41 ans: "Du coup, je leur ai préparé un recueil de plusieurs textes et une liste de chaînes YouTube pour trouver des instrus. Le but étant qu'ils choisissent un texte et qu'ils trouvent l'instru la plus appropriée pour l'accompagner".
"Ce qui m'intéressait surtout dans cet exercice, c'était travailler l'aspect musical de la poésie qui est trop souvent oublié. D'ailleurs c'est tout sauf un exercice facile, ça demande de la diction et de la rythmique en même temps. Ce n'est pas donné à tout le monde, ils n'ont pas tous le rythme dans la peau d'ailleurs", conclut Robert Delord, autant mélomane que féru de lettres.
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