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Le maire de Montreuil réquisitionne des bureaux vides pour y loger des travailleurs immigrés

L’arrêté municipal concerne des locaux appartenant à l’Etat. La préfecture de la Seine-Saint-Denis s’y oppose et a envoyé les CRS entourer l’immeuble.

Par  (avec AFP)

Publié le 26 septembre 2018 à 15h24, modifié le 27 septembre 2018 à 06h42

Temps de Lecture 2 min.

Patrice Bessac, maire de Montreuil.

Dès 6 heures du matin, mercredi 26 septembre, Patrice Bessac, le maire (Parti communiste, PCF) de Montreuil, et 150 travailleurs immigrés ont investi le vaste immeuble de l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). Pour être dans la légalité, l’édile a pris soin d’alerter la préfecture de Seine-Saint-Denis et de publier un arrêté pour réquisitionner ce vaste bâtiment des années 1970, inoccupé depuis plusieurs années et qui appartient à l’Etat.

Les services de la ville ont promptement installé des blocs sanitaires, des toilettes et une cuisine. Les nouveaux occupants sont pour la plupart des travailleurs maliens logés parfois depuis des dizaines d’années au foyer Bara de Montreuil, un haut lieu de la communauté malienne francilienne, avec son marché, ses coiffeurs, son restaurant, qui sert 1 200 repas par jour à prix imbattables, aux résidents et à toutes les familles installées dans les parages.

Prévu pour 150 personnes, le foyer géré par Coallia en héberge plus de 400 dans des chambres étriquées et le long des couloirs dans des lits pliants, moyennant 140 euros par mois. Le maire de la ville a passé une nuit dans ce bâtiment qui s’est fortement dégradé ces derniers mois. « C’est indigne, sale, avec des rats, et même dangereux, s’insurge M. Bessac. Il y a urgence à évacuer ! L’Etat se comporte en marchand de sommeil. »

« A l’Etat de faire son job »

« C’est une insulte », rétorque Jean-François Carenco, qui préside depuis peu Coallia (ex-Aftam), cette association créée en 1962 et qui gère vingt-trois foyers de migrants. « Patrice Bessac a certes raison sur le fond, mais instrumentalise nos résidents. Il refuse de concéder un terrain qui lui appartient dont nous avons besoin pendant deux ans pour accueillir des Algeco et loger les résidents le temps de rénover le foyer Bara. Je vais demander que l’Etat réquisitionne le terrain », tonne M. Carenco.

Cet ancien préfet de la région Rhône-Alpes puis d’Ile-de-France, connu pour son énergie et son franc-parler, a été placé là pour reprendre en main Coallia.

Depuis 2013, ce foyer fait l’objet d’une réhabilitation et d’une opération de desserrement, mais celle-ci est aujourd’hui à l’arrêt. « Nous avons signé en 2013 un protocole. La municipalité a fait sa part du boulot et même plus, nous avons cédé des terrains, négocié avec une entreprise pour en acquérir un autre. A l’Etat de faire son job », s’emporte le maire, justifiant ainsi son coup d’éclat.

« Il faut maintenant se détendre, prendre sa tisane »

Deux nouveaux foyers édifiés sur des terrains municipaux ont déjà ouvert en 2016 et deux autres sont en construction avec plusieurs mois de retard. Mais la rénovation du foyer Bara est bloquée tant que les occupants ne sont pas provisoirement relogés.

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Depuis trois ans, Etat et mairie avaient identifié cet immeuble de l’AFPA qui, pour un coût modéré (1,5 million d’euros), peut être transformé en foyer. « Pourquoi l’Etat a-t-il changé d’avis ?, s’interroge le maire. Notre terrain est petit, situé dans le Haut-Montreuil, loin des transports et exige deux fois plus d’argent pour être viabilisé. Il faut maintenant se détendre, prendre sa tisane et se mettre autour de la table. »

Dans l’attente, CRS et gendarmes ceinturent l’immeuble, empêchant tout ravitaillement, tandis que la municipalité appelait à un rassemblant populaire en fin d’après-midi. Cela promet un face-à-face intéressant, sans tisane au menu.

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