En France, les plus pauvres n’ont pas accès aux produits frais et souffrent de pathologies liées à ce déséquilibre. En témoigne le retour du scorbut. Pour y remédier, l’association Solaal récupère les invendus et surplus des agriculteurs. Une manière de faciliter les dons et de permettre aux personnes dans le besoin de manger des fruits et légumes frais.

Ce sont les derniers jours de la récolte. Dans les champs de Pierre Bot, maraîcher situé à Saclay, dans l’Essonne, trois ouvriers agricoles, juchés sur une arracheuse-chargeuse, ramassent les dernières betteraves. Les clients pourront venir les acheter directement à la ferme où l’agriculteur vend ses produits en circuit court.Une démarche qui lui permet de vendre des produits ultra-frais et qui le rapproche des consommateurs mais qui, certaines fois, ne lui permet pas d’écouler tout son stock. Surtout en été, lorsque les consommateurs sont partis en vacances. Dans ce cas, il fait alors appel à Solaal, un organisme qui met en lien les agriculteurs désirant donner leurs surplus avec des associations de dons alimentaires.

Les plus pauvres n’ont pas accès aux produits frais 

“C’est le Meetic du don”, plaisante Pierre Bot. “On a parfois des difficultés à s’organiser avec les associations, surtout pendant l’été. On envoie un mail à Solaal en lui indiquant la quantité de produits que l’on a et l’équipe se charge de trouver des associations disponibles. C’est un gain de temps et une fierté de pouvoir donner le fruit de notre travail”, décrit-il.

L’association Solaal est née d’un constat : en France, 4 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire faute de revenus suffisants. Et parmi eux, seuls 6,5 % consomment des fruits et légumes cinq fois par jour. “Notre spécialité, ce sont les produits frais”, souligne Dorothée Briaumont, directrice de Solaal. “Les personnes dans le besoin développent plus facilement des pathologies liées à un déséquilibre nutritionnel”, explique-t-elle.


La grande distribution refuse des tonnes de produits non calibrés

Le scorbut, que l’on pensait éradiqué en France, a refait son apparition. Cette maladie est provoquée par la carence profonde de vitamine C trouvée dans les fruits et légumes. Son retour s’explique notamment “par des raisons économiques car les personnes précaires ne s’approvisionnent pas assez en fruits et légumes, ceux-ci étant trop chers et plus difficiles à préparer que de la junk food”, explique à 20 Minutes le médecin généraliste Pierre Francès.

D’où la nécessité d’une redistribution directe des produits frais des agriculteurs. Depuis 2013 Solaal a ainsi récolté 13 500 tonnes de produits agricoles, l’équivalent de 27 millions de repas. Et la récolte n’est pas prête de s’arrêter. Il y a quelques mois, Dorothée Briaumont a récupéré pas moins de 200 tonnes de pommes de terre chez un agriculteur. La grande distribution les lui avait refusées car elles étaient mal calibrées.

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