Versailles : la battue aux sangliers dans le parc du château fait polémique

Une battue administrative dans le parc du château de Versailles aurait tourné à la boucherie selon une association de protection des animaux.

 Versailles, lundi 24 septembre. Les tireurs et rabatteurs n’ont pas hésité à franchir des clôtures pour aller récupérer des animaux blessés.
Versailles, lundi 24 septembre. Les tireurs et rabatteurs n’ont pas hésité à franchir des clôtures pour aller récupérer des animaux blessés. DR

    Que s'est-il passé, lundi 24 septembre, dans le parc du château de Versailles ? Une « boucherie », selon la fondation Assistance aux Animaux. Présente au moment des faits, cette dernière s'émeut des conditions dans lesquelles une battue administrative aux sangliers s'est muée en un acte « sanglant ».

    Ce jour-là, 105 tireurs et conducteurs de chiens se déploient dans le parc, fermé au public, afin d'abattre des sangliers, laies et marcassins, coupables de dégradations et préalablement piégés dans l'enceinte par des clôtures. La battue fait suite à deux opérations précédentes menées les 31 mai et 30 août derniers.

    « L'un d'eux a dirigé son arme vers moi »

    C'est à partir de là que les choses dérapent, selon la fondation. Les chasseurs se seraient montrés violents et n'auraient pas hésité à tirer sur des bêtes qui, effrayées, s'étaient réfugiées dans un enclos clôturé destiné à des poneys. « Je leur ai crié de ne pas tirer mais l'un d'eux a dirigé son arme vers moi puis a tué une laie avant d'enjamber la clôture afin de récupérer le cadavre. Ils sont allés jusqu'à appeler la police car, selon eux, on n'a pas le droit de les dissuader de tuer », rapporte un témoin.

    La fondation, partenaire du château de Versailles, considère le site comme un « lieu d'accueil » pour ses protégés. Elle gère 150 animaux au sein d'une ferme pédagogique qui se trouve dans la Ferme de Marie-Antoinette, récemment restaurée et rouverte au public. Elle a aussi en charge 200 moutons qui paissent dans le parc.

    Pour le préfet, « cette battue, comme les précédentes, était absolument indispensable »

    « La manière dont les choses se sont passées nous choque. Après deux battues infructueuses, pourquoi ne pas chercher à renvoyer les animaux vers la nature plutôt que de pratiquer une telle barbarie », s'interroge une de ses porte-parole. Le château, qui ne fait que sécuriser les lieux en vue des battues, renvoie vers la préfecture, seule autorité en la matière.

    Le préfet, Jean-Jacques Brot, qui a signé l'arrêté et s'est même rendu sur place dans la matinée de lundi, conteste vivement cette présentation des faits. « Une personne de cette fondation s'est montrée agressive à l'encontre d'un lieutenant de louveterie qui devrait d'ailleurs déposer plainte. Ces animaux font courir des dangers aux touristes, agents du château et plantations du domaine et même à celles de l'Inra (NDLR : en bordure du parc) car il y a des trous dans les clôtures extérieures de l'enceinte du château, qui m'a demandé à plusieurs reprises d'agir. Cette battue, comme les précédentes, était donc absolument indispensable. Les règles de sécurité qui l'accompagnent s'avèrent très strictes », précise le représentant de l'Etat.