Il y a les ouragans, les canicules, les inondations... Mais aussi les tempêtes de sable. Les scientifiques s'inquiètent de la multiplication et l'intensification de ces phénomènes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Certains l'attribuent aux conflits armés, qui rendent les terres arides. D'autres y voient une conséquence du réchauffement climatique. Dans tous les cas, les impacts sont catastrophiques sur la santé et l'économie. 

C’est un phénomène spectaculaire. En quelques minutes, une tempête de sable ou de poussière peut littéralement engloutir une ville et la plonger dans le noir complet. La circulation est coupée, les vols annulés et les habitants calfeutrés. Or, ces événements météorologiques se multiplient mais ils sont moins visibles que les inondations et les ouragans.
"Au Moyen-Orient, la fréquence et l’intensité des tempêtes de sable et de poussière ont considérablement augmenté ces quinze dernières années", indique Enric Terradellas, analyste à l’Organisation mondiale météorologique. 

Les conflits armés, facteur d’aggravation
Sur ce sujet, les scientifiques n’ont pas trouvé de consensus. Pour certains, les conflits armés seraient un facteur d’aggravation. "Ces conflits sont porteurs de destruction urbaine et donc de poussière", avance Bastien Alex, chercheur à l’Institut relations internationales et stratégiques. De même, avec l’exode des populations, les activités agricoles sont laissées à l’abandon. Au Moyen-Orient, la végétation a reculé de 30 % en 15 ans.
En Irak, on pointe notamment du doigt les mesures de Sadam Hussein qui, dans les années quatre-vingt-dix, a drainé les marais du sud pour isoler ses ennemis. Résultat : la terre est aride et très volatile. Depuis, le pays est particulièrement touché par les tempêtes de sable et de poussière. L’ONU en prévoit 300 par an dans la zone dans les années à venir.
Les tempêtes de sable vont s’aggraver
Des justifications "exagérées" selon une étude publiée en 2016 par des chercheurs américains. "Le climat, et non pas les conflits, explique les tempêtes de poussières extrêmes au Moyen-Orient", tranche Elie Bou-Zeid, professeur associé d’ingénierie civile et environnementale à Princeton. "Les conditions climatiques comme une hausse des températures et des périodes de sécheresse peuvent expliquer ces événements", abonde François Dulac, chercheur au CEA, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. 
Aujourd’hui, 50 % de la poussière de désert vient du Sahara. En un siècle, ce désert s’est étendu de 10 %. "Cette extension peut s’expliquer à deux tiers par un cycle naturel et un tiers par le réchauffement climatique d’origine anthropique", explique l’IRIS, citant une étude du Journal of climate. Et c’est peut-être la clé du problème : les causes de l’augmentation des tempêtes de sable sont multifactorielles.
13 milliards de dollars de PIB perdus 
"La poussière et le sable qu’ils proviennent du Sahara ou des vents du désert d’Arabie, peuvent capter et transporter des matériaux biologiques tels que des bactéries (…). La poussière peut transporter des matériaux comme des pesticides, herbicides, métaux lourds et des matières radioactives utilisés par les militaires", explique le professeur Andrew Goudie, chercheur à l’Université d’Oxford. Il note ainsi un niveau d’asthme plus élevé chez les populations sujettes à ces phénomènes.
Par ailleurs, l’ONU estime qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, environ 13 milliards de dollars de PIB sont perdus chaque année en raison des tempêtes de poussière et de sable. 
Marina Fabre @fabre_marina

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