Extraterrestres : cherchons leurs ruines plutôt que leur présence

Un astrophysicien invite à développer une archéologie de l’espace. Nous aurions selon lui plus de chance de trouver des civilisations disparues qu’en activité.

Extraterrestres : cherchons leurs ruines plutôt que leur présence

Plutôt que de chercher des signes de présence extraterrestre, il serait peut-être plus judicieux de chercher leurs épaves. Car après tout, si nous n’en avons jamais rencontré, c’est peut-être parce que des civilisations avancées finissent inéluctablement et rapidement par s’auto-détruire, un peu comme nous sommes en train de le faire… Partant de cette hypothèse, l’astrophysicien américano-israélien Abraham Loeb a récemment proposé de développer une forme d’archéologie de l’espace. Et ce que nous pourrions trouver serait susceptible de profondément changer l’humanité.

Reprenons la quête. Où sont les extraterrestres ? « Seulement dans notre imagination  », n’est pas une réponse à exclure. Mais étant données les dizaines de milliards d’exoplanètes estimées dans notre seule galaxie, dont des milliards hypothétiquement habitables selon certains chercheurs comme ceux de l’Université nationale australienne, l’espoir est statistiquement permis.

Nous vous parlions en juin des réflexions de l’astrophysicien Dan Hooper, qui nous invitait à surveiller le mouvement des étoiles : si des civilisations avancées existent, elles sont probablement en train de stocker les étoiles quelque part pour assurer leurs vieux jours. C’est l’hypothèse optimiste. Elle s’intéresse à des formes de vie qui auraient eu le loisir de développer de très hautes technologies durant des milliards d’années d’existence.

Planètes ravagées

Un autre astrophysicien, Abraham Loeb, président du département d’astronomie de l’université Harvard, a lui retenu l’hypothèse pessimiste. Invoquant le paradoxe de Fermi (« Si les extraterrestres existent, ils devraient déjà être arrivés sur Terre. Où sont-ils donc ? »), il en conclut que d’éventuelles civilisations avancées ont fini par s’autodétruire avant d’arriver à portée de communication de la Terre.

« Des reliques de civilisations disparues pourraient être abondantes dans l’espace »

Guerre nucléaire, changement climatique, armes chimiques ou biologiques… Ce qui nous menace actuellement sur Terre n’est probablement qu’un aperçu de ce qui a pu causer l’extinction de nos potentiels prédécesseurs galactiques. « Cela impliquerait que des reliques de civilisations disparues pourraient être abondantes dans l’espace  », écrit surtout le chercheur dans un post de blog du Scientific American, publié le 27 septembre.

Un vaisseau goa'uld, dans la série Stargate SG1.

Un vaisseau goa’uld à proximité de la Terre, dans la série Stargate-SG1.

Planètes ravagées, méga-structures abandonnées, débris traversant l’espace interstellaires : pour Abraham Loeb, les signes d’anciennes vies extraterrestres pourraient être plus abondants qu’on ne le croit. « D’après les données du satellite Kepler, nous savons qu’un quart de l’ensemble des étoiles abrite une planète habitable de taille comparable à la Terre, écrit-il. Même si une petite portion de toutes les planètes habitables a conduit à des civilisations technologiques comme la nôtre sur la durée de vie de leur étoile, nous pourrions avoir plein de reliques à explorer à travers la Voie lactée.  »

Débris interstellaires

D’où l’appel du scientifique à développer une nouvelle branche de l’astronomie : l’archéologie spatiale. Avec des télescopes à la place des truelles, nous n’aurions en outre pas nécessairement besoin de fouiller bien loin pour tomber sur des reliques galactiques. Car certains de ces débris spatiaux pourraient traverser directement notre système solaire, avance Abraham Loeb. Et l’auteur de citer le cas d’Oumuamua.

Derrière ce nom hawaïen se cache un objet détecté en octobre 2017 et identifié par les astronomes comme le premier objet interstellaire jamais repéré dans notre système solaire. Après quelques tergiversations, les chercheurs ont conclu qu’il s’agissait d’une comète. Mais d’une comète très inhabituelle. Mesurant 400 mètres de long pour 40 de large, sa forme en cigare est d’abord inédite. Sa vitesse aussi est étrange : elle ralentit moins en s’éloignant du Soleil que les forces gravitationnelles présentes auraient dû l’y contraindre. Les scientifiques ont émis l’hypothèse qu’un dégazage causé par la chaleur du Soleil pouvait être à l’origine d’une poussée supplémentaire expliquant cette vitesse étonnante. Mais le taux de dégazage observable est plus faible que pour les comètes classiques.

« Est-ce qu’Oumuamua pourrait posséder un moteur artificiel ?  », s’interroge Abraham Loeb. Il n’est pas le seul à s’être posé la question : l’institut SETI, dédié à la détection de signaux extraterrestres, a pointé ses télescopes sur Oumuamua en décembre 2017, mais aucun signal n’a été détecté.

Retour sur Terre

Oumuamua n’est qu’un exemple : il prouve que nous pourrions détecter d’autres objets interstellaires passant dans notre système solaire, repérable par leur trajectoire ou orbite inhabituelles ou par leur proportion d’isotopes d’oxygènes différentes de ceux de notre système, propose Abraham Loeb. Et en farfouillant dans ces déchets cosmiques, il suffirait d’en trouver un seul qui soit de facture artificielle pour changer notre vision de l’Univers. 

« Cela aurait un impact majeur sur notre culture et ajouterait une nouvelle perspective cosmique à l’importance des activités humaines  », imagine le scientifique. Car le message d’un tel artefact archéologique serait double. D’abord il nous prouverait l’existence d’une civilisation infiniment plus avancée que la nôtre pour avoir produit un engin capable de dériver jusqu’à nous.

Mais la ruine éventuelle d’une telle civilisation confirmerait du même coup la vanité mortifère d’espèces à hautes technologies ayant provoqué leur propre destruction. « Découvrir une civilisation morte à cause d’une guerre ou d’un changement climatique pourra, espérons-le, nous convaincre d’agir de concert pour éviter un destin similaire.  » C’est peut-être là que s’achèvera la quête. Par la prise de conscience via l’astronomie de l’importance de notre planète. Et de la nécessiter d’arrêter de la bousiller, avant de finir en vieux débris interstellaire dérivant dans un lointain système planétaire.

 

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