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Économie

Il y a 100 ans, l'épopée aéronautique prend son envol avec Latécoère

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AFP/Archives - ERIC CABANIS

Le 25 décembre 1918, Pierre-Georges Latécoère décolle avec son pilote de Toulouse pour Barcelone. Un mois après la fin de la guerre, ce vol va signer les débuts de l'extraordinaire épopée de l'entreprise qui porte son nom, mais aussi de l'industrie aéronautique française dont la Ville rose est la capitale.

Pour célébrer ce centenaire, 60 équipages ont pris jeudi le départ de Toulouse, la désormais "capitale de l'aéronautique et de l'espace" et siège d'Airbus, pour Perpignan, première étape du Raid Latécoère qui rejoindra Dakar le 5 octobre.

Un raid qui parcourt chaque année les 40 escales de l'aéropostale, depuis Toulouse jusqu'en Afrique, mais aussi en Amérique du Sud, avec pour objectif l'inscription des Lignes Aériennes Latécoère et Aéropostale au patrimoine culturel mondial de l'Unesco.

Pierre-Georges Latécoère, l'une des figures françaises les plus marquantes de l'aventure aéronautique, est l'héritier d'une entreprise familiale, à l'origine une scierie à Bagnères-de-Bigorre qui s'est diversifiée avant guerre jusque dans la production de wagons. Une activité qui a nécessité de se rapprocher de Toulouse.

En 1917, il relève un défi: la construction d'avions, des Salmson, l'aviation étant devenue "la clé de la victoire", raconte à l'AFP Jean-Marc Olivier, professeur d'Histoire à l'université Jean-Jaurès de Toulouse, et auteur de "Latécoère, cent ans de technologies aéronautiques" (Editions Privat).

L'industriel construit l'usine de Montaudran, près de Toulouse. Quelque 600 avions seront produits en un temps record, "le début de l'aéronautique à Toulouse", souligne Jean-Marc Olivier.

Mais l'armistice laisse la France avec des stocks d'avions. Visionnaire, Latécoère imagine alors "des voyages aériens", et plus précisément un "trafic postal", entre le sud de la France et le Maroc, "colonie d'avenir" qu'on ne relie que par bateaux après plusieurs jours de navigation.

- "pionniers" -

Le 25 décembre 1918, son vol à destination de Barcelone, dans le matin frileux de ce jour de Noël, doit "servir de préface à la création de la Ligne France-Maroc", explique la Fondation Latécoère.

C'est un succès: le Salmson rejoint la cité catalane en deux heures et vingt minutes. Trois mois plus tard, Latécoère se pose à Rabat. Puis ce sera Casablanca.

Mais l'industriel a un rêve encore plus fou: relier le Sénégal et même l'Amérique du Sud depuis Toulouse, soit plus de 12.000 kms. "Il a imaginé cette ligne six mois avant la fin de la guerre", assure auprès de l'AFP la belle-fille de Pierre-Georges, Marie-Vincente Latécoère, à l'origine de création de la Fondation.

Les années 1920 inaugurent un service postal régulier entre Toulouse et le Sénégal malgré la traversée du désert, les avaries, les accidents, les disparitions.

Ces années sont surtout marquées par des pilotes mythiques comme Jean Mermoz ou Antoine de Saint-Exupéry qui feront partager cette incroyable épopée aéronautique avec leurs livres, notamment "Vol de nuit".

"Au début des années 1920, les Lignes Latécoère deviennent la plus importante compagnie internationale", souligne Jean-Marc Olivier.

En 1925, un vol d'étude est effectué entre Rio et Buenos Aires. Mais deux ans plus tard, face à "des difficultés financières et "des blocages commerciaux" selon l'historien, Latécoère cède sa compagnie rebaptisée par son nouveau propriétaire, l'industriel français Marcel Bouilloux-Laffont, "L'Aérospostale".

Pierre-Georges Latécoère se lance dans l'aventure des hydravions. Et c'est à bord d'un Laté 28 de l'Aéropostale que Mermoz réussit en mai 1930 la première traversée aérienne de l'Atlantique Sud, au départ de Saint-Louis du Sénégal.

Il disparut en mer le 7 décembre 1936 à bord de l'hydravion La Croix du Sud.

L'aventure aéronautique française se poursuit à partir de 1933 avec la création d'Air France, née du regroupement de plusieurs compagnies aériennes françaises, dont l'Aéropostale.

Aujourd'hui, la saga Latécoère se poursuit toujours. Équipementier aéronautique, la compagnie travaille pour Airbus, Dassault, Boeing... Son siège est toujours à Toulouse et elle emploie au total plus de 4.000 personnes sur 21 sites répartis dans 12 pays.

En décembre, la ville de Toulouse inaugurera un "espace mémoire" destiné à célébrer les premiers temps de l'aéronautique, espace qui portera le nom de "L'envol des pionniers".

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