Mantes-la-Ville : 32 personnes interpellées dans la guerre des bandes

Des habitants de la cité des Merisiers ont été arrêtés dimanche soir au Domaine de la Vallée. Un énième épisode de la guerre que se mènent ces deux quartiers depuis de très nombreuses années.

 Mantes-la-Ville, ce lundi matin. 32 hommes âgés de 13 ans à 27 ans ont été arrêtés dans le Domaine de la Vallée.
Mantes-la-Ville, ce lundi matin. 32 hommes âgés de 13 ans à 27 ans ont été arrêtés dans le Domaine de la Vallée. LP/M.G.

    Une nouvelle fois, les quartiers rivaux de Mantes-la-Ville ont voulu en découdre. 32 personnes ont été placées en garde à vue ce dimanche soir dans trois commissariats, à Mantes-la-Jolie et dans les environs, après avoir été interpellées dans le quartier du Domaine de la Vallée. Vingt-sept d'entre elles seront déférées ce mardi devant le tribunal du Versailles. L'affaire est prise au sérieux par les autorités : le procureur de la République s'est rendu ce lundi au commissariat.

    Tous les suspects sont originaires des Merisiers, une autre cité sensible de la commune. Ce groupe est composé de profils variés puisque le plus jeune a 13 ans et le plus âgé affiche 27 printemps. Ils ont été retrouvés en possessions d'armes diverses : marteaux, couteaux, katanas, battes de base-ball…

    Arrivés dans trois voitures et une fourgonnette

    Ils sont arrivés au Domaine dans trois voitures et une fourgonnette. L'intervention de la police, à la suite d'appels d'habitants affolés, et celle de plusieurs adultes ont sans doute évité un règlement de comptes violent. Seuls quelques coups ont été échangés.

    Tout serait parti d'une banale altercation. « Des petits des Merisiers sont partis faire un achat au Domaine, en terrain ennemi, raconte un riverain bien informé. Ils se sont fait insulter. Des adultes et des pères de famille ont essayé de pacifier les choses mais la situation a dégénéré. C'est parti en vrille. La police a embarqué tout le monde, même les curieux. »

    Mantes-la-Ville, ce lundi. Les jeunes interpellés sont tous du quartier des Merisiers. LP/M.G.
    Mantes-la-Ville, ce lundi. Les jeunes interpellés sont tous du quartier des Merisiers. LP/M.G. LP/M.G.

    Les bagarres entre habitants des Merisiers d'un côté, et ceux du Domaine de la Vallée et le Village, deux ensembles voisins, sont récurrentes depuis au moins vingt ans. Cette haine se transmet de génération en génération sans que quiconque ne se souvienne de l'origine. Cette détestation est ravivée par quelques rixes, à l'occasion de la fête foraine ou de simples regards de travers.

    Elle peut déboucher sur le ridicule, comme l'arrestation, il y a un an, de deux enfants de 10 ans et 12 ans retrouvés avec un club de golf et un nunchaku. Elle peut aussi provoquer des drames : en juin 2014, un homme de 21 ans originaire du Village avait été abattu quelques heures seulement après avoir tenté de séparer deux groupes qui s'étaient affrontés lors de la fête foraine.

    Le maire (RN) Cyril Nauth a salué ce lundi l'intervention des forces de l'ordre et les appels des riverains. « Cela prouve que Mantes-la-Ville n'est pas une zone de non droit et que l'omerta n'y règne pas, se félicite l'élu. Ce qui m'inquiète, c'est cette hyper-violence juvénile sans raison particulière. »

    Les « grands frères » sont dépassés

    Ont-ils la mémoire courte ? Ou réellement la violence des plus jeunes est plus forte aujourd'hui qu'hier ? Les adultes des quartiers sensibles ne cachent pas être « dépassés » par ces adolescents violents. « Dimanche soir, des grands ont essayé de calmer tout le monde, raconte un quadragénaire de Mantes-la-Ville. Mais à un moment, ils ont été débordés par la haine de ces gamins. »

    Un autre, pourtant pas le dernier à se défendre, s'avoue « un peu flippé ». « A l'époque, on se battait en tête à tête. Quelquefois, c'est vrai, on savatait un type à plusieurs mais on s'arrêtait à la moindre goutte de sang. On ne cherchait pas à tuer, juste à gagner la bagarre. » « Ils se gavent de vidéos débiles sur les réseaux sociaux et cherchent à faire mieux que les voisins », analyse un troisième.