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Le Québec passe à droite, débâcle des libéraux sortants

Coalition avenir Québec, la plate-forme dirigée par l’ancien homme d’affaires François Legault, qui dispose d’une majorité absolue, va prendre les rênes du pouvoir dans la province.

Par  (Montréal, correspondance)

Publié le 02 octobre 2018 à 06h33, modifié le 02 octobre 2018 à 10h40

Temps de Lecture 3 min.

François Legault, à Québec, le 1er octobre.

Après une campagne électorale qui annonçait un scrutin très serré, les Québécois ont finalement clairement choisi, lundi 1er octobre, le changement en portant la Coalition avenir Québec (CAQ) au pouvoir et en renvoyant les libéraux de Philippe Couillard dans l’opposition.

Parti de centre droit créé en 2011, la CAQ obtient 74 sièges de députés, soit la majorité absolue à l’Assemblée législative. Son chef fondateur, François Legault, un homme d’affaires entré en politique il y a vingt ans sous la bannière du Parti québécois (PQ), accède, à 61 ans, au poste de premier ministre, avec une bonne marge de manœuvre.

M. Legault gagne son pari d’incarner une « troisième voie », en marge du Parti libéral du Québec (PLQ) et du PQ, qui formait jusque-là l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. En célébrant sa victoire, M. Legault a promis de « travailler pour le Québec de demain », invitant toutes les bonnes volontés à le rejoindre pour « bâtir un Québec plus fort, un Québec plus fier » au sein du Canada.

Pendant la campagne, le thème de l’indépendance du Québec a été remplacé par celui de l’immigration

Son appel au changement a largement été entendu par les électeurs. Le PLQ ne conserve que 32 députés, contre 69 il y a quatre ans. Le PQ subit, lui aussi, une cuisante défaite, ne gardant que neuf députés. Le jeune parti de gauche, Québec solidaire, améliore pour sa part nettement son score, faisant élire 10 députés, alors qu’il n’en avait que 3 auparavant.

Ces résultats consacrent la fin d’une époque, celle de cinquante ans de domination de la vie politique québécoise par ces deux partis. C’est aussi la première fois dans l’histoire du Québec moderne que le thème de l’indépendance est évacué du débat politique. Il a été remplacé par celui de l’immigration, dominé par les prises de position à l’emporte-pièce de M. Legault.

Issu d’un milieu modeste, le nouveau premier ministre québécois a fait fortune dans le secteur privé après une courte carrière de comptable. Titulaire d’un MBA, il cofonde, en 1986, la compagnie canadienne Air Transat, devenue Groupe Transat. Onze ans plus tard, M. Legault n’a que 29 ans quand, à la suite d’un différend avec son associé, il vend subitement ses parts. L’année suivante, en 1998, il entre au cabinet de Lucien Bouchard, premier ministre du Parti québécois, comme ministre de l’industrie et du commerce. Il occupera ensuite les portefeuilles de l’éducation et de la santé.

En 2009, il quitte le PQ et forme deux ans plus tard son propre parti politique, la Coalition avenir Québec. De centre droit, mais adoptant des positions aux accents populistes, M. Legault se définit lui-même comme un homme « pragmatique », adepte d’un gouvernement « efficient » et qui aspire à défendre les intérêts du Québec dans la Fédération canadienne.

Diminuer les impôts

Indépendantiste convaincu à 16 ans, il semblait naturel qu’il rejoigne le Parti québécois, mais il donnera plutôt à la CAQ une impulsion « nationaliste ». Il se dit fier à ce titre d’un Québec à l’identité forte qui puisse « avancer et s’affirmer à l’intérieur du Canada », en protégeant notamment sa langue.

Durant la campagne, M. Legault a, entre autres, promis de maintenir l’équilibre budgétaire, de réduire la bureaucratie et le nombre de fonctionnaires, de diminuer les impôts, de réduire de 20 % le nombre d’immigrants accueillis chaque année et de modifier le mode de scrutin pour y introduire une part de représentation proportionnelle.

Le scrutin s’est déroulé au lendemain de la conclusion par les Etats-Unis et le Canada d’un accord visant à moderniser le traité de libre-échange nord-américain, l’Alena. Les deux pays se sont entendus à l’arraché, après treize mois de négociations tumultueuses, sur de nouvelles dispositions dont l’une pourrait être particulièrement nocive au Québec. Le Canada a, en effet, concédé aux Américains un accès limité à son marché laitier, soulevant la colère des agriculteurs québécois, les plus visés par cette mesure.

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