Paris va ériger un monument aux animaux morts pour la France

La Ville a changé son fusil d’épaule et finalement accepté la proposition de Paris Animal Zoopolis.

 Paris, ce lundi. Membres de Paris Animaux Zoopolis avec Amandine Sanvisens, leur porte-parole, se sont réunis place Saint-Sulpice pour rendre hommage aux animaux morts pendant les conflits.
Paris, ce lundi. Membres de Paris Animaux Zoopolis avec Amandine Sanvisens, leur porte-parole, se sont réunis place Saint-Sulpice pour rendre hommage aux animaux morts pendant les conflits. LP/C.C.

    C'était non. Puis ce fut oui ! Ce lundi midi, les membres de Paris Animaux Zoopolis, l'association qui traite des questions de souffrance animale sur le territoire parisien, buvaient du petit-lait.

    Réunis place Saint-Sulpice (VIe), « à quelques centaines de mètres de l'avenue de l'Observatoire (VIe), où durant la Première Guerre mondiale, les chevaux du VIe étaient réquisitionnés pour participer aux besoins de guerre », ses militants ont déployé des messages et des photos de chevaux, ânes, chiens, pigeons martyrs. Et… fêté leur victoire.

    La mairie de Paris vient accepter, après avoir refusé, leur idée d'ériger un monument qui rende hommage aux animaux tués pendant les deux dernières guerres. « Un sacré revirement », savoure Amandine Sanvisens, la porte-parole de Zoopolis.

    Une décision qui a pris du temps

    L'association le demandait depuis mai dernier. « On a écrit à Anne Hidalgo (PS) et à Catherine Vieu-Charier (PCF) (NDLR : l'adjointe chargée de la mémoire et du monde combattant) se souvient Amandine Sanvisens. On a jamais eu de réponse. » « La précipitation est l'œuvre du diable, se défend Catherine Vieu-Charier. On s'est dit qu'on allait prendre le temps d'étudier le problème ! »

    Le 27 mai, les élus écologistes des XIIIe et XIVe arrondissement ont soumis sur leur arrondissement des vœux pour la pose d'une stèle ou d'une plaque mémoire. Celui du XIVe a été voté à la majorité.

    Mi-juin, le président du Souvenir français, la respectée association du souvenir des soldats morts pour la France, a apporté son soutien au projet. « Ça nous a beaucoup convaincus, reconnaît Catherine Vieu-Charier. Je ne voulais froisser personne ! »

    Début juillet, au Conseil de Paris, deux autres élus (FG et EELV) se sont fait retoquer leur vœu. Puis Jean-Pierre Lecoq, le maire LR du VIe et René-François Bernard, l'adjoint (UDI-MoDem) de Rachida Dati dans le VII e, en charge de l'environnement et de l'urbanisme, ont fait leur entrée en scène. Les deux élus conservateurs ont soutenu Zoopolis et respectivement déposé lors du conseil de leur arrondissement un vœu accepté.

    Ce lundi, place Saint-Sulpice, Serge, quinquagénaire, veste Prince-de-Galle et journal économique sous le bras, haussait les épaules en scrutant une des pancartes « 11 millions d'animaux enrôlés dans la Grande Guerre ». « Je crois qu'il y a une confusion des genres ! Pourquoi ne pas faire un monument en hommage aux escargots tant qu'on y est. »

    Une étudiante de passage ne partageait pas le même avis, écoutant, émue, une militante lire le témoignage d'un Poilu évoquant les chevaux. « 14-18, c'était aussi une vraie boucherie pour les animaux. »