Entre les bocaux en verre, les couches lavables, les plats à préparer et le ménage écolo... La démarche zéro déchet, nécessaire à la préservation de l'environnement, pèse considérablement sur les femmes. Ces dernières passent déjà trois fois plus de temps que les hommes à s'occuper des tâches ménagères. De la transition verte à la transition juste, il faut aussi passer par l'égalité femme-homme. 

Il est 17h00. Vanessa quitte le travail et débute sa double journée. Après être allée chercher les enfants à l’école, elle file aux supermarchés en vérifiant qu’elle n’a pas oublié les bocaux en verre dans son sac. Elle fait désormais ses courses dans un magasin en vrac pour limiter les emballages plastiques. C’est lourd, très lourd. Elle hésite encore à acheter des couches lavables, elle a essayé une fois mais ce n’est pas pratique. En tout cas, elle a banni les plats préparés qu’elle s’autorisait à donner aux enfants de temps en temps. Elle a dû arrêter le yoga, cela lui prenait trop de temps.
Une démarche zéro déchet entraîne forcément des concessions. Or, ce sont les femmes qui prennent majoritairement en charge les tâches domestiques. En temps normal, elles y passent trois heures dans la semaine contre une heure pour les hommes. Une répartition inégale qui les freine dans l’accès à l’emploi mais aussi dans leur carrière professionnelle.
"Au travail, on a plus de mal à se concentrer"
Et cette charge augmente considérablement lorsqu’elles entrent dans une démarche écologiste. "Le zéro déchet alourdit forcément au début les tâches ménagères", concède Titiou Lecoq, journaliste et auteure de Libérées. "Au moins au moment de la mise en place de ce changement de comportement. Il faut tout anticiper, cela devient écrasant et alourdit la charge mentale déjà très lourde", explique-t-elle.
La charge mentale, qui fait référence à la planification et l’organisation des activités domestiques et ménagères, contribue au risque de burn-out. "C’est pernicieux parce que cela occupe l’esprit en permanence", raconte au Monde la dessinatrice Emma qui a démocratisé la notion de charge mentale "cela a un impact sur le sommeil. Au travail, on a plus de mal à se concentrer".
"L’égalité est une condition nécessaire à la transition écologique"
Le zéro déchet serait donc un facteur d’aggravation des inégalités ? Non, répond Titiou Lecoq pour qui le problème est posé à l’envers. "L’égalité est une condition nécessaire à la transition écologique. Tant que les hommes ne s’impliqueront pas dans ces sujets, ça ne marchera pas. Quitte à faire du zéro déchet, faisons du zéro sexisme".
C’est tout l’enjeu de la transition écologique : réussir à préserver la planète tout en réduisant les inégalités. Et cette tâche s’avère compliquée. En témoigne la grève des femmes de ménage des Hôtels Marriott qui dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles depuis que le groupe a mis en place un programme vert.
Cette nouvelle stratégie visait à réduire la fréquence du nettoyage des chambres pour limiter l’impact écologique. Résultat : 350 emplois ont été supprimés. Par ailleurs, il y a eu des conséquences directes sur les salaires et la pénibilité du travail des salariées. 

Marina Fabre, @fabre_marina


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